Infanticide à Douala: Un enfant enterré vivant par les membres d’un groupe de prière
La macabre scène s’est déroulée au mois d’août dernier à Pk21, petit village de l’arrondissement de Douala 5ème, région du Littoral.
Ce n’est pas une série télévisée ni un scénario monté de toute pièce comme d’aucuns ont pensé. Cet évènement digne d’un film nigérian s’est effectivement déroulé dans la ville de Douala et précisément dans l’arrondissement de Douala 5ème. Un nouveau né de sexe masculin a été enterré par les membres d’un groupe de prière à Pk 21, un petit village de l’arrondissement de Douala 5ème, arrondissement de la capitale économique du Cameroun, le 19 août 2014 dernier.
D’après des informations de sources concordantes, le gourou de cette secte religieuse qui n’est autre que Pierre Balhoumboul a accouché un nouveau né de sexe masculin dans la nuit du 18 octobre 2014 dans son domicile qui servait de lieu de culte à Pk23. Considérant cet enfant comme fruit d’un esprit maléfique, parce que conçu des nombreuses couches de nuit dont était victime Loko Mouliti, la mère de l’enfant par ailleurs membre de ce groupe de prière, celui-ci avec l’aval des autres membres, vont décider de l’enterrer vivant. Question de libérer cette dernière de l’emprise de ce démon. C’est ainsi que dans la nuit du 19 août 2014, celui-ci sera enterré dans la concession familiale d’Ernestine Honobanho grand-mère du défunt à Pk 21 à l’insu des habitants de cette localité.
Informé de ce tragique évènement, par une source anonyme le 22 août 2014 dernier, les éléments du commissariat du 17ème arrondissement vont ouvrir une enquête. Les suspects seront interpellés après une descente à Pk23 où le forfait a été commis. Tous déclareront que l’enfant était déjà mort quand on l’a enterré. Ne possédant aucune autre preuve pouvant compromettre ces derniers, ces suspects ont purement et simplement été relâchés.
Rebondissement
Alors que les membres du groupe de prières croyaient que l’affaire était déjà classée, ils ont à nouveau été convoqués au commissariat pour s’expliquer à nouveau sur ce crime odieux qu’ils ont commis.
En effet, Mado Désiré Zamgue, membre de cette secte qui a filmé minutieusement la scène d’accouchement du nouveau né, décide de vendre la mèche à la police. Elle remet à la police une copie de la vidéo aux éléments du commissariat du 17ème arrondissement qui rouvre l’enquête à nouveau. Cette dernière qui témoigne d’ailleurs à visage découvert raconte tout ce qui s’est passé cette nuit là. «En voyant le ventre de Loka Mouliti grossir, au fil des mois, j’ai déclaré qu’elle était enceinte. Mais, le pasteur et les fidèles ont plutôt estimé qu’elle portait en elle un esprit maléfique et qu’elle devait être délivrée par les prières. Jusqu’au jour de l’accouchement, elle n’avait jamais accepté attendre un bébé. La contraction de cette dernière pendant l’accouchement ont été prises pour des manifestations charnelles de l’esprit maléfique qu’elle portait en elle», déclare cette dernière à la police. Avant de poursuivre que l’enfant de sexe masculin qui nait finalement aux environs de 21h est bien portant. Devant l’assemblée, le pasteur déclare donc qu’il sera enterré à minuit, «l’heure des esprits». Ce qui est fait le 19 août 2014. Sur la vidéo produit, par Mado Désire Zamgue et dont les officiers judiciaires détiennent copies, on aperçoit dans une bassine soigneusement aménagée à cet effet, un bébé tout vivant baignant dans une marre de sang et à coté de lui un placenta.
Devant la police plusieurs d’entre eux vont passer aux aveux complets. Hermine Angoni concubine de l’oncle de la fille va déclarer que le bébé a été enterré vivant.«L’enfant gigotait dans la bassine pleine de sang avec le placenta et le pasteur a ordonné qu’on l’enterre», signale-t-elle.
Le pasteur auteur ?
De sources policières, toutes les déclarations des personnes interpelées portent un doit accusateur vers Pierre Balhoumboul, pasteur de ce groupe de prière. «On m’a réveillé pour me demander de venir voir l’enfant que ma fille a accouché sans faire des rapports sexuels. J’ai été surpris parce que le nouveau né était vivant. Quand j’ai voulu savoir ce qu’il comptait faire de lui, il m’a dit que c’était un problème spirituel», poursuit Raphael Mbondo.
Interrogée, LoKo Mouliti, la mère du bébé enterré vivant, va faire dans la langue de bois. D’après celle qui déclare que ses sœurs, sa mère est ses tantes se sont occupées d’elle pendant l‘accouchement. «Le bébé à sa sortie a crié et ne l’a plus fait. Il a cessé de respirer et c’est à l’unanimité de la famille qu’on a décidé d’enterrer l’enfant», fait-elle savoir aux éléments de la police judicaire. Interroger sur la prise en charge de cet enfant, elle déclare qu’elle voulait avorter c’est pourquoi la layette n’a pas été préparée.
Quant à Pierre Balhoumboul, gourou de cette «secte religieuse» accusé par tous évoque plutôt la thèse de la négligence. Interrogé par la police, celui qui déclare que c’est de commun accord avec la famille que l’enfant a été enterré, fait savoir que l’enfant est né avant. Et le placenta tardant à sortir, il était presque impossible de déplacer sa mère pour le conduire à l’hôpital. L’enfant d’après lui avait une décoloration de la colonne vertébrale jusqu’à la cuisse gauche. «Et, c’est de commun accord avec la famille que l’enfant a été enterré», déclare-t-il.
Selon des informations de sources de la police judiciaire du Littoral qui pilote les enquêtes sur ce sujet, la fornication est proscrite dans le groupe de prière, c’est pourquoi, il a condamné l’enfant à la mort en le laissant sans soins après sa naissance et l’ont enterré après. De sources policières toujours la mère du bébé qui affirme n’avoir jamais eu des rapports sexuels a fait savoir qu’elle avait un «petit ami» qui habiterait à Yaoundé.
Mis à la disposition de la police judiciaire du Littoral le 3 septembre 2014 par les éléments du commissariat du 17ème arrondissement de Douala, Pierre Balhoumboul, gourou de cette «secte religieuse» Ernestine Honobanho, Madeleine Charlotte Loka Mouliti la mère du bébé enterré vivant, Thoma Dikama, Dingoun Dikana, Suzanne Koumalang, Rose Mapout tous des membres de ce groupe de prière ont été gardés à vue dans les geôles de ce tribunal. Puis déferrés devant le procureur du tribunal de Grande instance du Wouri. Après leur audition, le procureur les a renvoyés à nouveau au près de la police judiciaire du Littoral où ils sont gardés à vue jusqu’à lors, pour suite de la procédure. En effet, le parquet a demandé l’exhumation du corps du nouveau né. L’enquête se poursuit.
En attendant, à Pk21, dans l’arrondissement de Douala 5ème comme dans toute la ville de Douala et le pays en général, la nouvelle est sur toutes les lèvres. Les habitants de cette localité qui maudissent les auteurs de ce crime odieux, ne comprennent pas jusqu’à présent les mobiles de cette action. Ils réclament tous une sanction exemplaire pour ces derniers afin que de tel acte ne se reproduise plus. «Au nom de quoi peut-on enterrer un enfant vivant ? Il est écrit dans la Bible que «Tu ne tueras point». Nous somme sur que ce n’est pas Dieu qu’ils servent. Car, un enfant, c’est un petit ange», déclarent les populations de Pk 21 encore traumatisé par cette rocambolesque histoire qui rendu leur localité vedette.
Hervé Villard Njiélé.
Commenter cet article
B
W