Inscription sur les listes électorales: Quand Elecam traque les électeurs
L’atteinte du chiffre de près de sept millions d’électeurs avancé à l’origine de cette chasse ouverte qui se déroule sur l’ensemble du triangle national.
Carrefour Brazzaville au quartier Dakar ce mardi 27 février 2013. Il est environ 12h. Tout près du rond point qui dessert ce quartier, c’est une ambiance peu habituelle qui se vit. Autour d’une tente aménagée à cet endroit, des personnes se bousculent. Et ce, malgré la chaleur accablante qu’il fait ce jour là. Personnes ne décourage d’ailleurs. Ce qui suscite la curiosité. En se rapprochant d’avantage, on découvre que, des agents d’Election Cameroun(Elecam) chargés d’enregistrer les populations sur les listes électorales ont aménagé leur quartier à cet endroit. Sous une tente aménagée au milieu de la chaussée, ils sont à pied d’œuvre.
Assis derrière six kits disposés à cet effet, les agents d’Elecam sont imperturbables. Ils n’ont pas de moment de répit. Car, il y a du monde et il faut inscrire le maximum de personnes avant que la nuit ne tombe. Un Tout prêt de la tente, un autre agent un haut parleur en main, harangue la foule et invite cette dernière à venir s’inscrire sur les listes électorales.
Pour limiter les bousculades, des mesures ont été prises. Des coupons portant des numéros sont distribués à tous en fonction de leur ordre d’arrivée. Et, en respectant la même logique, ces derniers sont enregistrés au fur et à mesure. Ne dérogent à cette règle préétablis que les femmes enceintes, les personnes handicapées et quelques personnes du troisième âge apprend-on au passage.
Succès
L’installation de ce point mobile d’inscription sur les listes électorale semble porter fruit car, il y a plus d’affluence que d’habitude. «On s’est installé ici parce que, c’est ouvert. C’est au carrefour. Nous inscrivons des gens jusqu’à 19h 30. Bref, ça dépend de la forme physique du jour et de l’affluence. Depuis que nous sommes installés ici l’affluence a augmenté. On ne peut pas évaluer le nombre d’inscrit journalier parce que nous n’avons pas le mot de passe pour accéder à la base des données. En plus, nous ne sommes pas permis de faire cela. Mais, je peux vous dire que les chiffres sont importants » déclare Ngono, chargé de la caravane pour le quartier « Madagaskar ». D’après ce responsable, c’est depuis environ un mois que cette caravane mobile d’inscription sur les listes électorales a été établit à cet endroit.
Comme au carrefour Brazzaville à Dakar, quartier de l’arrondissement de Douala 3ème, les points mobiles d’inscription sur les listes électorales sont presque partout à Douala. Tous les points chauds de la capitale économique du Cameroun sont pris d’assaut par ces «chasseurs d’électeurs» qui sont devenus insatiables. Les carrefours, les marchés, les agences de voyages, les commissariats sont envahis par ces derniers. Ils établissent également leur quartier tout près des grands évènements qui se déroulent dans la ville. Ils sont présents au carrefour feu rouge, au rond point Deido, à l’entrée du portail de l’université de Douala, au marché central, le marché Mboppi, la Chambre des commerces, les carrefours Malah et Makepè Missokè, pour ne citer que ceux-ci. Les équipes mobiles se déploient pareillement dans les différents quartiers de la ville de Douala pour permettre à tous ceux qui ne sont pas encore inscrits d’accomplir ce devoir civique. Les commissariats, les lieux de cultes et les services publics et parapublics ne sont pas en restes. «Nous allons dans les commissariats parce que la gratuité des cartes nationales d’identité fait courir un grand monde dans le littoral. Les équipes mobiles d’inscription sur les listes électorales, se déportent vers les lieux des cultes après autorisation du pasteur ou du prêtre » déclare Ghislain Gangue, chargé de la communication de l’antenne régionale d’Elecam pour le littoral. Le chargé de la communication justifie ce fort déploiement par le souci pour l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun (Elecam) d’inscrire le maximum d’électeurs. « Cette stratégie a été mis sur pied le 17 janvier 2013. Nous sommes partis d’un constat selon lequel les chiffres d’inscriptions dans le littoral oscillaient entre 30%. On a donc pensé qu’il fallait aller vers les électeurs en créant des postes mobiles d’inscription dans les espaces publiques et parapubliques et cela porte des fruits. Nous allons d’ailleurs continuer à la faire jusqu’à la convocation du corps électoral » déclare Gislain Ngangue. La stratégie est pareillement appréciée par les populations. «Le fait pour Elecam de venir vers les populations est une bonne chose. Vous savez qu’on oublie parfois vide. Quand ils viennent comme ça, on se rappelle qu’on ne s’est pas encore inscrit» affirme tout joyeux Christelle Ngang qui vient de s’inscrire. Et Joseph Ndoumbe d’ajouter. « Je ne pouvais pas aller à Elecam pour m’inscrire faute de temps. Maintenant qu’ils sont dans tous les coins de la rue, chacun peut le faire.»
Malgré ces efforts, plusieurs autres jeunes demeurent sceptiques à ce processus. Pour eux, «l’élection ne sert plus à rien au Cameroun. Tu votes où tu ne votes pas, ça ne change rien. Ça ne sert à rien d’aller s’inscrire sur les listes électorales » déclarent-ils. Avec la prorogation de la date butoir d’inscription sur les listes électorales désormais fixée au 29 mars, Elecam entend intensifier son action pour inscrire le maximum de camerounais.
Hervé Villard Njiélé