Mathias Eric Owona Nguini : il y a un processus bien organisé pour éliminer les Lions Indomptables de la prochaine coupe du monde.
Politologue et enseignant de science politique à l’université de Yaoundé1, le Dr Mathias Eric Owona Nguini revient sur la décision du premier ministre, suspendant des élections à la tête de la Fédération camerounaise de football. Dans une interview accordée à www.hervevillard.over-blog.com, il fait une analyse de cette mesure, dissèque pareillement le contexte de crise à la fédération camerounaise de football. Dans cette interview, il se prononce pareillement sur le processus de nomination du nouvel sélectionneur des Lions Indomptables.
Comment comprendre la crise qu’il y a au sein de la fédération camerounaise de football aujourd’hui ?
La crise au sein de la fédération camerounaise de football était prévisible. On l’a vu se développer depuis le processus de renouvellement des instances de la Fecafoot. On l’a vu se développer depuis le début du le renouvellement des instances locales. Il n’est donc pas surprenant que cette crise se prolonge au niveau fédéral. Elle exprime les luttes de pouvoir qui existe dans le milieu qui gouverne notre football.
Selon des informations, le premier ministre vient de suspendre les élections à la tête de la fédération camerounaise de football. Est-ce que le Cameroun ne court pas un risque de suspension ?
Non ! Je ne pense pas. Je ne pense que ! La décision du premier ministre chef du gouvernement est une décision avisée. Il est manifeste que le processus tel qu’il a été conduit jusqu’ici, pose un certains nombres de problèmes d’ordre publique. Il pose des problèmes sérieux de sécurité. Il est donc important de le suspendre de manière à permettre que l’ensemble des acteurs envisagent sereinement la suite. Et, cela ne pourra être fait que si on rétablit les choses dans le sens de l’application sérieuses et exigeante des dispositions statutaires de la Fédération camerounaise de football.
Dans ce cas, il n’y a pas d’ingérence. Si à l’occasion de ce renouvellement, vous avez des incidents de type émeutes, avec des affrontements pouvant entrainer des blessures graves et des dommages corporels à tel ou tel autre acteur et éventuellement des morts d’hommes, Il est tout à fait normale pour les autorités administratives et politique de prendre des mesures qui s’imposent. Maintenant, Ce qui serait de l’ingérence, c’est que les autorités dictent aux membres de la Fécafoot les conditions dans lesquelles ils doivent faire les élections du point de vue des règles applicables. Parce que, ces règles là ce sont des règles qui sont édictées sur le plan statutaire par le règlement intérieur de la Fécafoot. Lesquelles dispositions sont arrêtées par ceux qui constituent des membres de cette association.
La suspension des élections à la Fécafoot coïncide avec la nomination d’un entraineur à la tête de l’équipe nationale.
Comment avez-vous apprécié ce processus de désignation du nouvel entraineur des Lions Indomptables ?
C’est une décision bien inopportune. Je crois qu’il y a un processus bien organisé pour éliminer les Lions Indomptables du Cameroun de la prochaine coupe du monde. Elle est inopportune parce qu’on ne peut pas changer un entraineur à la phase actuel. Un entraineur qui a permis au Cameroun dans les éliminatoires de la coupe du monde de reprendre la main. C’est recommencer le travail, c’est défaire tout ce qui a été fait par Jean Paul Akono, même si cela n’était pas parfait. Et, c’est le risque qu’à nouveau il y ait des intrigues. Car, dès que le nouvel entraineur sera officiellement désigné, des intrigues vont commencer pour la désignation de l’entraineur prochain.
Est-ce à dire que désigner un nouvel entraineur n’est pas une solution ?
Ce n’est pas une solution. Je pense que le Cameroun doit faire preuve d’une certaine maturité pour avoir à la tête de l’équipe nationale un étranger. Le temps est venu également pour qu’une véritable politique d’expertise et de densification du football national soit mise sur pied. Si non, à quoi sert une direction technique nationale. La stratégie nationale de développement du football est certainement technique. Mais, en même temps, elle regorge une dimension politique. Et, cette dimension politique ne peut être arrêtée que par des nationaux. En même temps, il faut que la direction technique nationale puisse être véritablement une direction technique nationale. C'est-à-dire, qu’elle puisse avoir en main, le processus de désignation du sélectionneur national et que l’on constitue un pool de compétence nationale. Quitte à mettre ce pool de compétence en concurrence avec des sélectionneurs étrangers.
Que faire pour sortir définitivement de ces problèmes que connait le football camerounais ?
Pour sortir de cette crise, il est important que nous ayons des acteurs de bonne foi d’abord entre les factions pour la lutte pour la gestion de la Fecafoot. Que l’Etat assure seulement son rôle d’arbitre et que, en assurant seulement ce rôle d’arbitre, que l’ordre publique soit respecté. Il est important que la fédération camerounaise de football respecte ses propres dispositions statutaires. La modernisation du football camerounais est à ce prix. Nulle part, on ne peut développer une activité si on ne respecte pas les règles qui en organisent le fonctionnement.
Réalisée par Hervé Villard Njiélé