Nécrologie : Me Marthe Massot sur le chemin de non retour
Décédée le 14 janvier 2013 à l’hôpital général de Douala Marthe Endale Massot, a été inhumée le 26 janvier 2013 au cimetière du «bois des Singes » à Douala
Tous n’avaient qu’une seule phrase aux lèvres, samedi dernier, au cimetière du bois des singes. «Adieu Marthe Massot. Que la terre de nos ancêtres te soit légère.» Malgré la présence du pasteur de l’église évangélique du Cameroun qui priait pour le repos de l’âme de l’imminente avocate et pour le réconfort des personnes affligées par son décès, cette phrase si lourde, si difficile à prononcer ne s’échappait pas sans des larmes. La famille, les amis, les collègues de service et les proches de la victime, venus nombreux l’accompagner dans sa dernière demeure, ont pleuré à chaudes larmes. Tant la douleur de la disparition de Marthe était si profonde. Au moment de la mettre sous terre, et plus précisément à cet instant fatidique, c’était les lamentations générales. Car,Ils venaient de réaliser de manière unanime que, celle qui était toujours à l’écoute de tout le monde, était réellement décédée et qu’ils ne la reverront plus jamais. Tristesse, stupeur, émotion se lisaient sur les différents visages ayant fait le déplacement du cimetière du «bois des singes ».
Tous Vêtus de robe noire comme dans le prétoire, les avocats, du Cameroun, massivement représentés et la famille de la victime était inconsolables. «Weh !! Marthe pourquoi tu nous fais ça. On t’a fait quoi ? Pourquoi tu nous quitte ? Seigneur pourquoi nous ? » marmonnait Michelle Massot la benjamine de la famille Massot abattue. Rose Massot, Serges Nicolas Massot, Mara Endale et les autres étaient énormément chagrinées. Sa maman croulant sous le poids de l’âge ne tenait plus sur les deux jambes fatiguées par la douleur.
Un hommage digne
La grandeur de Me Massot ne se dit pas seulement de bouche. Cela s’apprécie pareillement par le monde présent à ses obsèques. De la levée du corps à la morgue en passant par la procession devant la cours d’appel, la veillée et l’enterrement, plus d’un demi milliers d’avocats se sont mobilisés pour rendre un hommage mérité à celle qu’ils baptisent «d’avocat sans pareille ». Ils sont partis du Nord du centre de l’ouest, de l’Est bref de tout le pays pour dire au revoir à Me Marthe Massot. «Je ne suis pas sure que si c’était un autre avocat qui décédait, on devait autant se mobiliser » a déclaré Me Salomon Ekwa, venu de Yaoundé.
Dans l’ensemble, c’est tout le corps judiciaire qui était présent au dernier voyage de Marthe M. Parmi les présents, on pouvait distinguer, le premier président de la cour d’appel du littoral, le président de l’ordre des greffiers du Cameroun, l’un des présidents du tribunal de grande instance du Wouri, le bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun Me Sama et nombreux autres personnes pour ne citer que ceux-ci. Le bâtonnier qui a pris la parole pendant les obsèques, a décidé pour immortaliser l’imminente avocate, de baptiser la prochaine cuvée des avocats « promotion Marthe Massot. « Me Massot s’en va mais l’avocat reste. En vertu de l’article 12 du règlement de l’ordre, Nous répétons que l’avocat n’est pas morte Nous réclamons encore à la famille Massot un autre avocat. La prochaine cuvée des avocats qui sortira dans quelques semaines sera baptisée promotion Marthe Massot » a déclaré le bâtonnier.
Portrait
Avant l’enterrement de Me Marthe Massot Endale, des nombreux témoignages ont été faits pendant la veillée qu’il ya eu à son domicile le vendredi 25 janvier 2012. On apprendra par ailleurs que l’avocate camerounaise est née le 14 février 1952 à Douala. Elève à l’école primaire Nantes La jolie à paris, elle fait ses études secondaires au Lycée Leclerc de Yaoundé. Son cursus secondaire sanctionné par un baccalauréat lui ouvre les portes de l’université de Yaoundé où, elle s’inscrit en faculté de droit. Elle entre comme avocat stagiaire au cabinet de Me Etienne Bonard en 1978. Et deux ans après, c'est-à-dire en 1980, elle prête serment comme avocat pleine.
Des lors, s’ouvrent les portes d’une longue et brillante carrière d’avocat qui lui permettra de se déployer sur la quasi-totalité des prétoires du triangle nationale. Célibataire et sans enfants, Marthe Massot apprend-on par ailleurs avocate au barreau du Cameroun était le père et la mère de ses frères et sœurs cadets. Toujours très proche et prête à résoudre tous les problèmes. Elle était maternelle et aimait sa famille. Elle a passé toute sa vie à soutenir ses frères et sœurs. Elle n’avait d’ailleurs, pas le choix puisque, le sens du devoir et l’amour poussé qui l’animaient l’y obligeaient.
Me Marthe Massot a terminé son combat sur la terre. Un combat qu’elle remporte à haut le bras malgré sa disparition. Son parcours est parsemé de trophée. Le dernier et le plus important, elle l’a remporté le 25 octobre 2012 en libérant sa sœur Rose Njoh Massot, ancienne directrice des ressources humaines au chantier naval et industrielle du Cameroun (Cnic), incarcérée depuis quatre années à la prison centrale de New-Bell. Malgré sa maladie elle a réussi comme par un tour de passe passe à obtenir l’innocence de Rose Massot dans trois grosses affaires de l’opération épervier qui l’opposait au chantier Naval. Marthe Massot s’en va en laissant la famille judiciaire du Cameroun éplorée. Que la terre de nos ancêtres lui soit légère !
Hervé Villard Njiélé