Opération épervier : Forjindam condamné deux fois pour des faits similaires
Selon des arguments soutenus par les avocats qui assurent la défense de l’ancien Dg du chantier naval, cela a été orchestré de toute pièce par l’actuel Dg par intérim du chantier Naval François Bikoro Alo’o qui veut absolument occuper le poste de Dg de cette entreprise nationale.
«Objectivement, Forjindam n’a pas été condamné pour les même faits. Certes il s’agit des paiements par chèques mais, il ne s’agit pas des mêmes paiements. Ni des mêmes chèques. Dans les premiers dossiers on avait incriminé des paiements précis avec des chèques précis. Ce sont ces paiements par ces chèques qui font l’objet du premier dossier. Dans le second dossier, il s’agit des autres chèques d’un montant de 206 millions. Ce ne sont pas les même chèques, ce ne sont pas les mêmes paiements. Ça se ressemble mais ce n’est pas la même chose. En clair, lorsque la première procédure a été engagée sur dénonciation du commissaire au compte, qui a listé un certain nombre de paiements par chèques fait au profit de certains entreprises. Monsieur Bikoro a demandé à son collaborateur Atouga d’aller faire de nouvelle recherche dit-il. C’est dans le cadre de cette nouvelle recherche que son collaborateur Atouga dit qu’en plus dès chèques dont a parlé le commissaire au compte, il y a d’autres chèques encore qui représentent des paiements sans pièces justificatives. Donc en vérité ces chèques sont bien différents les uns des autres. C’est pourquoi la règle non bis im idem ne s’applique pas ici (règle qui proscrit la condamnation ‘une personne deux fois pour les mêmes faits). C’est deux procédures différentes mais qui sont semblables.»
Cette déclaration est de Me Baombé l’un des avocats membre du collège des avocats qui assurent la défense de Zacchaueus Mungwe Forjindam, depuis le déclenchement des différentes procédures qui ont entrainé la condamnation à vie de l’Ex Dg du Chantier Naval et Industriel du Cameroun.
Selon celui qui maitrise parfaitement tous les différents dossiers dans lesquels est incriminé son client, Forjindam, celui-ci n’a pas encore été poursuivi pour les mêmes faits. S’agissant des différents chefs d’accusations portés contre son client, Il déclare sans ambages que Forjindam est victime d’une cabale judiciaire bien organisée par François Bikoro Alo’o, l’actuel Dg par intérim du Chantier Naval.
Selon celui qui déclare fonder ses arguments sur les témoignages et les différents dossiers dont il a pris connaissance pendant qu’il assurait la défense de son client, les différentes plaintes formulées contre Forjindam sont vicieuses. déclare-t-il. «Les différents paiements pour lesquels il est poursuivi dans le premier dossier sont des paiements faits au cours des exercices 2003, 2004,2005 par chèque. Dans le second dossier, il s’agit il s’agit des paiements faits en 2003 et 2004. C’est suffisamment vicieux que de diviser des paiements faits au cours de la même période en deux blocs pour multiplier les chances de condamnations de M. Forjindam. Tout en sachant que, s’il est déclaré non coupable dans une procédure, on peut voir dans quelle mesure on peut bousculer pour qu’on le déclare coupable dans l’autre. C’est l’option de la cabale. Et cela conforte l’idée selon laquelle c’est Bikoro qui a provoqué la condamnation de Forjindam. Ce n’est plus une intention, cela ressort du dossier. Car, dans le premier dossier, c’est Bikoro qui a provoqué l’audit, c’est lui qui est venu avec les auditeurs au Cnic. Et dans ces déclarations, il dit que c’est lui qui a supervisé cet audit. Il savait bien ce qu’il faisait. C’est vrai qu’on ne peut pas être juge et partie mais malheureusement dans les faits c’est ça. Il l’a lui-même déclaré. C’est lui qui déterminé les thermes de référence donc le travail qui doit être fait. C’est lui qui a supervisé l’audit. Et c’est lui qui a déposé la plainte dans le cas de la deuxième procédure. C’est lui qui a encore déposé la plainte dans la troisième procédure. Nous n’imaginons pas, les faits sont clairs. Bikoro s’est personnellement impliqué dans toutes ces procédures. Et, il ne pourra jamais dire qu’il n’est pas à l’origine des malheurs de monsieur Forjindam.» témoigne Me Baombé sans ambages.
Pour l’avocat de la défense de Forjindam Très serein dans ses déclarations, si François Bikoro défendait justement les intérêts du chantier naval comme il l’a clamé au tribunal durant son audition, il aurait regroupé les chefs d’accusations en un seul et permettre que Forjindam se défende en bloc. «C’est comme si encore aujourd’hui, ils peuvent garder les justificatifs des autres chèques et porter une nouvelle fois l’affaire devant les tribunaux pour détournement de fond. C’était bien planifié » ajoute-t-il avant de regretter la condamnation à vie de son client. « L’Etat camerounais ne sait plus finalement ce qu’il veut. Il ne sait qui est bon pour lui. Des hommes comme Forjindam ne devaient pas être en prison. Ce sont des génies que l’Etat devait protéger, Car, ils sont rares. Sauver une entreprise donc les trois quarts de son chiffre d’affaire ont été engloutis, et la ramener au niveau où le Cnic était au moment de son arrestation, n’est pas donné à tout le monde. Il faut être un génie. M. Forjindam avait beaucoup de projets pour le chantier Naval. Je ne veux pas citer le projet du Yard Pétrolier de Limbe qui était déjà réalisé à 50%. C’est une grosse perte pour notre pays » argue-t-il.
Cabale judiciaire ?
La condamnation à vie de Zacchaeus Mungwe Forjindam dans l’affaire des 12 chèques frauduleux par le Tribunal de grande instance du Wouri a laissé pantois tous ceux qui ont assisté aux différentes plaidoiries. Plusieurs personnes n’ont pas compris pourquoi le Tribunal de grande instance du Wouri a condamné Forjindam pour les faits similaires alors que,, la cour d’appel du littoral dans son jugement rendu le 18 juillet 2012 l’avait déclaré non coupable de détournement de fond. Comment comprendre le paradoxe qui existe entre les jugements rendus par les deux juridictions alors que les services ont été rendus aux mêmes entreprises et à la même période ?
Il est a noté que pendant les plaidoiries, Forjindam a apporté au tribunal les preuves irréfutables que d’autres auditeurs indépendants avaient également vu examiné et validé toutes les pièces justificatives pour des paiements faits par le chantier Naval Particulièrement en 2003 et 2004. Il s’agit du commissaire au compte du Cnic, la firme Pricewaterhousecoopers qui avait vu, examiné et validé les dits documents au moment des faits. Convaincu de la sincérité et des justificatifs de ses informations financières, il avait certifié les comptes 2003 et 2004 sans réserve. Les compte avaient par la suite été approuvés par le conseil d’administration et adoptés par les actionnaires. Forjindam avait par ailleurs reçu des lettres de félicitation de la part du conseil d’administration. M. Louis Claude Nyassa Pca du Cnic qui s’est abstenu de témoigner contre Forjindam Dans ce procès. Le commissaire au Compte qui n’avait par ailleurs pas signalé l’existence de 12 chèques frauduleux, a refusé de témoigner au tribunal contre Forjindam. Car Il n’était pas d’accord pour ces allégations. Le contrôle supérieur de l’Etat qui a séjourné au Cnic durant la période allant de septembre à décembre 2006, a conclu à la fin de leur mission qu’il a vu, examiné et validé toutes les pièces justificatives concernant toutes les dépenses effectuées au Cnic entre 2003 et 2006. Et a conclu à la fin qu’il n y a pas eu détournement au cours de cette période. Les trois experts du Consupe dans le cadre de la première affaire, celle portant sur le détournement de près de 800 millions de fcfa entre aout et septembre 2010 ont témoigné sous serment qu’il n’y a pas eu détournement au Cnic entre 2003 et 2006. Ce témoignage a été présenté au tribunal et l’extrait plumitif a été admis comme preuve au dossier.
Malgré toutes les preuves apportées pour justifier que les paiements ont été effectués, malgré les témoignages sous serment, de Forjindam et de Ngwang jean Simon qui déclaraient que les justificatifs étaient disponibles au moment de la signature des dits chèques, malgré le refus du commissaire aux comptes et du Pca du Cnic de témoigner, le tribunal a condamné Forjindam et trois de ses anciens collaborateurs à vie. Une attitude qui fait comprendre que le tribunal a finalement retenu les conclusions de l’audit orchestré et diligenté par François Bikoro.
Cette décision du Tribunal de grande instance du Wouri rendue le 20 juillet 2012 et qui condamne Forjindam et trois anciens collaborateurs à vie, pousse les uns et les autres à s’interroger sur la légalité de l’audit diligenté au Cnic par François Bikoro. Cet audit là est-elle au dessus de celle réalisée par le Consupe, le Conseil d’administration du Cnic où par le commissaire aux comptes?
Hervé Villard Njiélé