Promotion du bilinguisme: Il faut repenser la politique
L’insuffisance de la politique de promotion de ce nouveau système à l’origine de l’absence des résultats escomptés attendus après plus d’une cinquantaine d’année.
La douzième semaine nationale du bilinguisme au Cameroun vient d’être lancée dans la capitale économique du Cameroun. C’est l’école publique d’Akwa qui a servi de cadre au lancement de cette autre semaine nationale qui se célèbre cette année 2014 sous le thème «Bilinguisme, un atout pour un Cameroun émergent ». Au delà de l’aspect folklorique de l’évènement qui, rassemble chaque année des experts en langue et des inspecteurs pédagogiques, il y a lieu de constater que la mayonnaise ne prend pas encore. Des millions de camerounais parmi lesquels les ministres d’État et des directeurs généraux ne parlent pas toujours les deux langues. Quand même ils leurs arrivent de parler, ces derniers s’expriment pour la plupart en pidgin ou se font moins audibles. Plusieurs d’entre eux préfèrent tout simplement décliner l’offre. Ceci à cause de l’insuffisance de la politique de promotion du bilinguisme mise sur pied par l’État du Cameroun.
En effet, l’État du Cameroun dans son élan de promotion de ce système a créé des lycées bilingues sur l’ensemble du territoire national. L’État a ordonné l’enseignement de l’anglais et du français depuis la classe de la maternelle. Il a ordonné la création des sessions anglophones et francophones dans les écoles primaires. Pour promouvoir le bilinguisme il a pareillement mis sur pied le Bepc. Seulement, si ces multiples actions sont à apprécier, il faut tout de même noter que cela ne porte pas encore des fruits.
Selon les inspecteurs nationaux, il y a un déficit criard des enseignants de langues (française et anglaise) dans nos différents écoles et lycées. Dans les lycées techniques et collèges, C’est encore plus grave. Des élèves terminent le cycle secondaire en comptant le nombre de fois qu’ils ont fait le cours d’anglais. Ce qui plombe l’élan mis sur pied. Il faudrait donc former autant d’enseignants pour combler le déficit souligné.
Autre chose non moins important à souligner, c’est l’abandon des fonctionnaires de l’État et des camerounais ayant embrassé la vie active. Dans sa politique de promotion du bilinguisme l’État du Cameroun a d’avantage penser aux jeunes, écoliers élèves et étudiants. Il a carrément mis de coté les fonctionnaires, les camerounais qui sont dans la vie actives et qui ne vont plus à l’école ni à l’université. Ceux-ci sont abandonnés à eux même alors qu’ils, œuvrent au quotidien pour l’émergence du Cameroun. Aucune politique n’est pensée dans ce sens là. Si on admet que des centres linguistiques pilotes ont été créés pour cette cause là, on va pareillement constater que ces centres pilotes ne sont pas créés dans tout le territoire national. Et en plus, les cours de formation sont chers et ne sont pas au niveau de vie des camerounais moyens. Il faut débourser en moyenne 100 à 120 000fcfa pour prendre part à une formation trimestrielle dans un centre linguistique.
Entre autre choses observée, on note pareillement le manque d’appui de l’État aux structures de formation linguistique. La plupart des centres linguistiques existants au Cameroun sont privées .Ils ne bénéficient d’aucun appui de l’État. D’où la cherté des coûts de formation. Un tour au « British Language Institute », où au «American Language» et autres centres laisse percevoir le coût important de la formation. Hors si l’Etat appuyait financièrement ces structures comme c’est souvent le cas des structures de formation professionnelle, peut être que tous les Camerounais rentreraient se recycler. Ne faut-il pas dans le même élan, instituer une journée hebdomadaire nationale de bilinguisme ou muter dans les zones anglophones et francophones de façon permanente des cadres de la république pour faciliter le brassage des cultures. Tout compte fait, l’État a encore beaucoup de chose à faire pour que le bilinguisme passe de l’étape de discours au factuel.
Hervé Villard Njiélé