Société-Assainissement:Douala : les stagiaires prêtent main forte à la Cud
Depuis environ deux semaines, les stagiaires employés par la communauté urbaine de Douala s’activent au nettoyage et au balayage des rues de la ville de Douala.
Toute personne qui passait par le boulevard de la liberté le mercredi 21 juillet 2010, était marqué par un scénario non habituel dans la ville de Douala. Des jeunes vêtus en chasubles bleus estampillés Cud (Communauté urbaine de Douala), armés de pelles et de râteaux curaient les caniveaux et débouchaient les voies d’accès d’eaux le long du boulevard de la liberté. De l’école publique Deïdo à l’hôtel Lewat, sans oublier la vallée Bessengué le scénario était le même. Des jeunes s’activaient à la tâche et ressortaient tous les déchets contenus dans ces voies d’évacuation bouchées par l’action de l’homme.
Transformés en poubelle par les riverains et les vendeurs ambulants qui déchargent tous les ordures à l’intérieur des rigoles malgré la présence des bacs à ordures, il n’était pas facile pour ces jeunes de curer ces caniveaux. Déchets de papiers, vieilles boites de conserves, des vêtements abandonnés, bref on retrouvait dans ces caniveaux des déchets de divers ordres. Il fallait à ces stagiaires beaucoup de courage, d’abnégation et surtout des caches- nez pour se protéger des odeurs nauséabondes qui se dégageaient de ces ordures et de ces caniveaux en nettoyage. Tâche pas évidente pour certains de ces jeunes qui ne sont pas habitués à ce genre de besogne.
« C’est pas facile de curer ces caniveaux comme vous le voyez. Les populations de Douala sont trop sales. Elles jettent tout dans les caniveaux et par conséquent on a le résultat qu’on a là. Il n’est pas facile de respirer comme vous-même vous le constatez. Ça sent mauvais. » Affirme Yves en se tenant le nez. Effectivement ça sentait mauvais. Même le reporter du Messager présent sur les lieux, était obligé de se protéger pendant qu’il s’entretenait avec ces jeunes. La jeune Patricia âgé de 18 ans assise de l’autre côte de la route dit ne pas supporter ce genre de boulot et surtout la mauvaise odeur qui se dégage. « Je ne suis pas habituée au travaux difficiles. C’est la première fois que je fais ce genre de stage. Et en plus les odeurs qui se dégagent des caniveaux peuvent rendre quelqu’un malade. » Cette dernière qui se déclare être déjà fatiguée dit prendre un peu d’air frais afin de reprendre ce dur labeur. Malgré les différentes difficultés rencontrées, les jeunes engagés par la Communauté urbaine dans le cadre des stages de vacance s’activent à exécuter la tâche qui leur a été confiée, question de satisfaire les attentes du délégué du gouvernement au près de la Communauté urbaine de Douala, Fritz Ntone Ntone qui a mis ce projet sur pied pour occuper les jeunes pendant les vacances et les sensibiliser par conséquent aux actions citoyennes.
Pour la cuver de juillet à Aout 2010, environ 1200 jeunes ont été recrutés et ceci sur la base de plusieurs critères. Selon la cellule de recrutement des stagiaires à la Cud, pour faire partie des stagiaires, il faut avoir au moins dix-huit ans et déposer ses dossiers à temps. Car, le critère de ponctualité est un critère indispensable. « C’est ceux qui sont souvent les premiers à déposer les dossiers qui sont recrutés à majorité. » affirme le responsable de la cellule de recrutement.
Pour étendre les activités de nettoyage dans toute la ville de Douala, les stagiaires ont été répartis dans les différents arrondissements de la ville et par ateliers. Pour l’édition de 2010 Ainsi, trois ateliers ont été créés. L’atelier de peinture, de désherbage et de curage des caniveaux.
Selon ces jeunes qui gagneront chacun 50.000fr à la fin de ce stage d’un mois, l’initiative de la communauté urbaine de Douala est bonne. Car, elle leur permet de mieux préparer leur rentrée scolaire. «C’est la deuxième fois que je participe à vacances-jeunes et je suis très content d’avoir été retenu encore cette année. C’est vrai que c’est dur mais je préfère m’occuper comme ça que de chômer au quartier.» Affirme Gaétan sourire aux lèvres.
Travail vain ?
Selon les riverains du boulevard de la Liberté, l’action que pose la Cud à travers le concept «Occupation jeunes» n’est qu’une embrouille totale. Car, leur activité n’a pas de suivi. « Après avoir curé les caniveaux comme ils sont entrain de le faire, la pluie va remettre tous les déchets dans la rigole. Car personne ne va les ramasser. C’est de l’embrouille tout ce qu’ils font là. De mon humble avis, ils salissent plutôt encore la ville » Affirme Jean-Jules, un boutiquier situé tout près de l’Hôtel Lewat, l’un des lieux où les jeunes ont fait leur séance d’investissement humain depuis le mardi 20 juillet matin. Selon ce citoyen camerounais qui a pourtant apprécié l’initiative des jeunes dès les débuts, si l’action de ces jeunes était accompagnée par des ramasseurs d’ordures, tout irait pour le mieux. Pointant du doigt un tas d’ordures et de la boue qu’il a couvert avec du carton pour se frayer un passage, il déclare que cela freine plutôt les activités en créant l’embouteillage. «C’était mieux de laisser ces ordures dans la rigole. Que de les sortir pour les abandonner là, il faudrait mieux ne rien intenter comme action.» Il interpelle du moins la Cud à pouvoir associer à ces jeunes cureurs de caniveaux un service de ramassage pour rendre la ville plus salubre. D’après les jeunes en plein boulot, le travail est divisé en deux et leur rôle n’est que de curer les caniveaux. Le ramassage des déchets concerne la société d’hygiène et de salubrité du Cameroun (Hysacam). « Nous ne faisons que notre travail. Notre rôle c’est de curer les caniveaux. Le ramassage des ordures ne nous concerne pas. C’est à Hysacam de le faire » précise Gildas Mbang un stagiaire.
En attendant que cela soit fait, les tas d’ordures sorties des caniveaux de même que la boue qui bloque la circulation des eaux sont encore sur la chaussée où ils ont été laissées par ces jeunes. On espère que la communauté urbaine de Douala prendra des mesures pour remédier à cette situation.