Culture:Le Ngondo : Une célébration fascinante
Célébré chaque année au Cameroun, le Ngondo est la fête culturelle des peuples Sawa (peuples côtiers du Cameroun) qui se
déroule en fin novembre et début décembre. Il regroupe les clans qui ont en commun le culte de l’eau .Les populations de Douala ont vibré durant deux semaines, cette année, au rythme de cet
évènement culturel et populaire.
Les manifestations
Le ngondo peut résumer à plusieurs parties. L’immersion du vase sacré, l’élection de la miss Ngondo, la course de pirogue qui est la phase finale sur les berges du Wouri.
Une trentaine d’ethnies qui se recensent dans les provinces du Littoral et du Sud Ouest participent à la célébration de cette fête annuelle, au travers des compétitions qui regroupent
des peuples Sawa, Tondé, Jébalé, Ewodi, Bakoko, Bassa (…) Durant la célébration de l’édition 2009 du ngondo, l’organisation du carnaval dans les rues de la capitale économique du Cameroun a
d’avantage rehaussé l’image de ce festival. Organisé en marge des festivités traditionnelles, les populations camerounaises et étrangères ont pu apprécier l’effervescence de l’évènement
semblable au carnaval brésilien de Rio de Janeiro.
Placé sous le thème « Nginya Mulema » qui signifie la puissance du courage , le soixantième anniversaire du Ngondo moderne, est entré dans l’histoire en ayant tenu ses engagements face à la
réalisation de ses différentes phases : foires expositions, animations culturelles, conférences débats, manifestations sportives (lutte traditionnelle) .
Profondeur des symboles
L’immersion du vase sacré, aspect mystique de cette cérémonie est l’occasion pour ce peuple de communier avec ses ancêtres. En effet un émissaire descend dans le Wouri pour y rechercher les
messages des divinités de l’eau. Les « myengu » (sirènes) transmettent par ce moyen des messages. Selon les croyances de ces peuples ces esprits de l’eau aident même à l’application des
instructions, qui sont des sources de bénédictions. Le messager va mettre environ cinq minutes sous l’eau, et revenir avec un message qui sera interprété par les anciens. Celui de cette
année a annoncé les bénédictions pour les fils et filles Sawa, qui ont été invités à magnifier la cohésion en leur sein, par le soutien de ses leaders.
La course qui est l’élément spectaculaire de la cérémonie en raison son impact populaire, a elle aussi une connotation mystique. Selon les interprétations recueillies les équipes qui
participent le font dans un cadre rituel propres à leurs arts traditionnels et mystiques, qui ont des liens avec des cultes relatifs aux divinités de l’eau.
Les thèmes qui varient à chaque édition représentent les ambitions du peuple Sawa qui, visent à concilier, et adapter le Ngondo aux différentes évolutions de notre ère.
Les origines
Les origines sont assez mal connues. Ce que l’on sait c’est qu’elle est devenue, à force des années à être considérée comme la fête culturelle des Sawa. L’histoire tend à
démontrer que les contenus de cette fête ont évolué. En effet le Ngondo que l’on connaît aujourd’hui aurait d’après les informations recueillies auprès des autochtones de la
côte pris sa forme actuelle en 1949.
Le Ngondo représente le nom fleuve en l’une des langues des peuples de la cote. Ses aspects dits modernes remonteraient à l’époque de Théodore Lobé Bell grand oncle du roi Réné Douala
Bell. Toutefois les historiens et les auteurs de ce siècle rapportent que les célébrations du Ngondo ont débuté au 17ème siècle. A sa création, le Ngondo avait pour objectif la
défense des intérêts économiques des peuples de la cote et le règlement des conflits entre ces peuples. Il aurait servi de tribunal, et de coalition pour aider les clans qui ne pouvaient
faire face à leurs envahisseurs de façon individuelle.
La célébration du Ngondo a connu quelques perturbations, d’une part de la colonisation qui a perturbé les rapports entre les clans sur la cote et ceux de l’intérieur du pays, qui n’étaient
pas d’accord sur les bénéfices des échanges commerciaux, et d’autre part de l’administration coloniale allemande qui inquiète de son pouvoir l’a suspendue. Le Ngondo redémarrera 27
ans plus tard assorti de quelques aménagements. Il réapparaît comme une institution en 1945, alors qu’il est encore frappé d’interdiction.
Aurélie Kouba/ Hervé Villard Njiélé