Le comité de normalisation a décidé d’annuler les championnats régionaux. Quel commentaire vous inspire cette décision ?
J'estime que Me Happi et son équipe ont eu beaucoup de courage en prenant cette décision, car depuis 1998, le déphasage qui avait commencé n'a jamais trouvé de solution pour que le calendrier footballistique du Cameroun s'harmonise avec celui de la CAF et de la FIFA. Ceci a défavorisé les clubs camerounais engagés en coupes africaines, parce que sans compétition dans les jambes.
D’ailleurs, les clubs amateurs qui savaient pertinemment qu'ils s'engageaient dans des compétitions lancées et gérées par des bureaux illégitimes voient aujourd'hui le revers de la médaille, car il y en a qui avaient décidé de ne pas s'affilier. L’histoire et les faits leurs donnent raison aujourd'hui.
En plus, la différente saison sportive devenant de plus en plus élastiques au point de s'achever après la finale de la Coupe du Cameroun, et pratiquement dans la saison suivante, cela créait un dysfonctionnement pour lequel les gestionnaires et même les clubs s’accommodaient sans rien dire. Ce chronogramme liberticide laissait que des championnats soient terminés à l'Ouest et ailleurs, alors que dans d'autres régions, on en était encore qu'à la phase aller. Des joueurs des championnats déjà bouclés venaient se faire recruter dans les championnats encore en cours, dans la mesure où l'on jouait avec des imprimés d'ADL. Ce qui faussait le jeu.
-Est-ce que cette décision était opportune selon vous?
Cette décision était opportune, d'abord parce que dans certains championnats qui n'avaient pas encore commencé comme celui féminin du Littoral, les clubs allaient être confronté à l'utilisation des licences de la saison 2016-2017, alors que le nouveau système d'enregistrement des demandes de licences affiche déjà la saison 2017-2018. Cela créé un dysfonctionnement total. C'est-à-dire que certains championnats de la nouvelle saison démarrent pendant que certains autres championnats de la dernière saison se jouent encore. Ce qui n’était pas normal.
Certains voient dans la décision du président Happy des stratagèmes pour préparer les élections à la fédération camerounaise de Football. Qu’en pensez-vous ?
A moins de lire dans la boule de cristal, on ne peut pas encore parler d'élections sans avoir les données de base de ces élections. Et puis ceux qui le pensent doivent savoir qu'avec le retour des exécutifs de 2009, on revient à la situation anté. En clair, les clubs qui avaient joué de 2009 à 2013 n'auront pas de souci à se faire pour faire partie du Collège électoral. Je ne crois pas que les nouveaux clubs depuis 2015 puissent être intégrés dans ce collège. Dans tous les cas, attendons les textes pour être édifié.
Quelles sont les conséquences d’une telle décision selon vous ?
Pour moi, cette décision a été une bonne chose, pour commencer à harmoniser notre calendrier à celui de la CAF. Les clubs qui disent avoir subi un gros préjudice financier ne nous disent pas les gains engrangés par certains dans les placements de leurs joueurs. Encore que seuls quelques clubs peuvent se plaindre, sans raison d'ailleurs puisqu'ils, n'ont jamais voulu prendre les choses en main. Le football est leur affaire, la Fecafoot ne peut fonctionner sans eux, mais brimés depuis plusieurs décennies, ces clubs se sont habitués au suivisme. L'activisme d’Abdouraman et sa victoire dans les juridictions sportives a amené certains à lever désormais la tête. Veulent-ils manger des omelettes sans casser les œufs ?
Les clubs de la région du Littoral se sont engagés dans une bataille juridique. Pourront-ils avoir gain de cause ?
Quand la FIFA suspend un pays pour n'avoir pas respecté ses textes, croyez-vous que ces pays peuvent avoir gain de cause en allant au TAS ? Je ne le pense pas, et même tout l'argent dépensé va dans les pertes et profits. Quand vous dites la région du Littoral, c'est qui exactement ? Et les clubs qui avaient décidé de ne pas jouer des compétitions gérées par des illégitimes, que doit-on en faire ? L'exécutif du Centre avait déjà décidé de ne pas continuer un championnat querellé où planait un flou indescriptible. Pourquoi les clubs du centre ne s'engagent-ils pas dans une bataille juridique ? Tout simplement parce qu'ils savent que cette bataille est vaine. Le Comité peut-il prendre une telle décision sans l'aval de la FIFA ? C'est dans le Littoral qu'il y a une formule de championnat expérimental à deux vitesses et nulle part ailleurs. Cela obéissait à quels textes ? Si c'était ceux de 2015, ils ont été annulés, donc le Comité se devait de tout normaliser. ET plus important, ces clubs qui se plaignent oublient vite qu'ils jouaient des compétitions sans être en règle pour la grande majorité : pas de dossier administratif, des dettes sur les licences, et sur les affiliations. Le Secrétaire général sortant détient tous les chiffres.
Que leur recommandez-vous comme conduite à tenir ?
La nouvelle saison va bientôt démarrer. Que ces clubs se préparent sérieusement pour aborder les compétitions, sans perdre de l'argent dans des batailles juridiques perdues d'avance.
Interview Réalisée par Hervé Villard Njiélé