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Le blog de Hervé Villard Njiélé

Carnage de Fotokol: Le mutisme du chef de l’Etat inquiète

10 Février 2015, 11:33am

Publié par Hervé Villard

Malgré le nombre important de civils camerounais égorgés par les fidèles de Boko Haram dans cette partie du Pays le message de condoléances du chef de l’Etat reste toujours attendu.

 
«Ce n’est pas possible.  Nous ne nous aimons pas. Tu te rends compte que depuis l’attaque de Kolofata où on a tué plus d’une centaine de Camerounais, le président de la république n’a pas réagit. Même pas de message de condoléance.  On dirait que ça ne lui dit rien. Dans un pays normal on devait déclarer une journée de deuil national en mémoire de ces victimes et mettre le drapeau en berne. Malheureusement chez nous ce n’est  pas le cas. C’est quand même surprenant. On dirait que cette situation laisse  l’Etat indifférent ».
 
Cette déclaration est de William T.  un jeune camerounais étudiant en filière de communication à l’université de Douala. Dans une discussion  avec ses amis au sujet de l’actualité sur Boko haram, il s’étonnait du comportement du  président de la République Paul Biya et de celui de son gouvernement quelques jours après le carnage de Kolofata. Où, plus d’une centaine de civils camerounais ont été égorgés par les membres de la secte islamique Boko Haram, le 5 février 2015  pendant une incursion dans ce territoire mercredi dernier, à l’insu des soldats camerounais et tchadiens, occupés à combattre cette ennemie sur d’autres fronts.
 
D’après ce citoyen  camerounais désagréablement surpris par cette attitude du gouvernement camerounais et  de celui du chef de l’Etat préoccupé en premier chef par cette lutte contre Boko Haram,  celui-ci  pour marquer sa solidarité avec  les populations de  cette partie du triangle national meurtries par la guerre, devrait à défaut de descendre lui même sur le site de ce massacre, dépêcher un émissaire du gouvernement à Fotokol pour aller consoler les familles des  victimes et  les rassurer de ce que l’Etat ne les a pas abandonnés. Et, qu’il est en train de trouver des voies et moyens pour éviter de telles atrocités.  Malheureusement  déclare-t-il  tout courroucé,«ce n’est pas  le cas.  Personne ne bouge le petit doigt. Chacun reste  paisiblement dans son coin comme si rien ne s’était passé, comme  s’il n’était pas concerné par ce qui s’est passé à kolofata.» Pourtant  des dizaines de camerounais ont été assassinés lâchement.  Le comportement  des membres du gouvernement du Cameroun  d’après ce citoyen camerounais laisse même croire que Fotokol n’est pas une partie du Cameroun et que ceux qui  ont été assassinés  là-bas sont moins camerounais qu’eux.
 
 A  coté de William T, Germain Yossa, commerçant au marché central est  lui aussi surpris par ce mutisme de l’Etat et  de son gouvernement. «L’attitude de notre chef de l’Etat et du gouvernement m’inquiète. Je savais qu’on allait mettre le drapeau en berne. Ou du moins que même le ministre de la défense devait descendre à Kolofata pour réconforter les habitants, ou les rescapés. Mais je suis  désagréablement surpris. Ce pays m’a déjà dépassé » déclare-t-il avant d’ajouter que le rôle d’un  Etat est de protéger ses citoyens.
 
D’après germain Yossa qui demande à l’Etat camerounais de souvent copier le bon exemple, après l’attaque de Charlie hebdo en France on a vu le président Hollande et son gouvernement mobiliser toute la France et même les africains pour la marche de solidarité. «12 personnes seulement étaient décédées.  Chez nous au Cameroun aujourd’hui on perd plus de 81 camerounais selon les déclarations du ministre délégué chargé de la Défense, et personne ne bouge le petit doigt. C’est regrettable», fait-il  remarquer  les yeux rouges de colère.
 
Comme William et Germain, c’est la plupart des camerounais qui s’interrogent sur l’absence de message de condoléances du Président de la République Paul Biya aux rescapés du carnage de Fotokol. Une semaine après  l’assassinat de ces Camerounais aucune communication  n’a encore été faite à ce sujet. En dehors des sorties de Issa Tchiroma au lendemain de cette attaque qui faisait l’apologie des forces de coalitions qui sont en train de se mettre sur pied et de celui de Edgard Alain Mebe Ngo’o apportant des précisions sur le nombre de décès pendant cette attaque, aucune autre communication n’a été faite.
Au niveau des raisons qui justifient cette attitude du gouvernement camerounais,  les raisons sont variées. Tandis que certains parlent du laxisme du gouvernement d’aucuns évoquent la froideur du chef de l’Etat Paul Biya  qui  agit rarement quand  on l’attend. «Si vous attendez le président Paul Biya, vous l’attendrez longtemps. Il n’est jamais pressé quand il fait ses choses.  C’est son tempérament. Vous voyez quelqu’un qui a lui-même déclaré que son gouvernement ne travaillait pas bien. Mais, jusqu’aujourd’hui, il  maintien le même gouvernement au pouvoir depuis bientôt deux ans. Vous vous attendez à quoi ? », Déclare une partie de la population  plus sceptique.
 
En plus poursuit Pierre Alexis Kaptouang habitant à Buea, le comportement de Paul Biya ne devrait surprendre personne car, il pense plus à son pouvoir qu’au devenir des camerounais. « Je ne suis pas surpris, et ça ne m’étonne pas! C’est le propre de cet homme qui ne s'intéresse qu'à son pouvoir et dont le bien-être et la vie de ses populations sont le dernier de ses soucis. Si non, comment comprendre que les otages expatriés libérés sont reçus sur tapis rouge au palais de l'unité. C’est un sentiment d'abandon aux canons ennemis qui nous anime à la suite de cette attaque, et le comportement de Paul Biya nous laisse croire qu'il y a bien un agenda caché derrière cette histoire de Boko Haram», déclare-t-il tout furieux.
 
Pour une autre frange plus optimiste, le président de la république ne voudrait pas faire deux discours. «Il le fera une fois le 10 février  2015 prochain, durant son adresse à la jeunesse camerounaise», pense-t- elle.
 
Hervé Villard Njiélé
 
 
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