Enclavement: Barrombi Mboh coupé de la civilisation
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Le manque de route et de voie de communication à l’origine du retard qu’accuse sur le plan du développement, cette presqu’ile situé dans l’arrondissement de Kumba département de la Meme
« Une femme a failli mourir dans notre village l’an dernier. Elle a commencé le travail et le village était débordé par sa situation. Nous avons ramé comme on a pu, pour l’emmener à l’hôpital de Kumba. . Avant d’y arriver, elle avait perdu beaucoup de sang. Elle et son bébé ont été sauvés de justesse». Ce récit est de Martin Esino, natif de Barombi Mboh, un petit village situé au bord du lac Barombi , à quelques kilomètres de la ville de Kumba.
Assis sur la pirogue qui lui permet de faire traverser tous ceux qui rendent visite à son village, il raconte avec beaucoup d’émotion les difficultés que rencontrent au quotidien les habitants de Barombi Mboh. Ramant tantôt à gauche tantôt à droite pour conduire en toute sécurité ses clients à bord, il ne lésine pas sur les mots pour présenter les difficultés, liées au sous développement de ce village abandonné de la région du Sud Ouest.
«Nous n’avons pas de route, pas d’électricité, pas de centre de santé. Nous sommes abandonnés à nous même et nous débrouillons comme nous pouvons. En dehors des quelques comprimés que nous prenons le plus souvent pour soigner paludisme, plusieurs d’entre nous meurent avant d’arriver à l’hôpital», poursuit-il avec beaucoup d’émotion.
Meurtri par cette misère qu’il côtoie au quotidien, Martin Esino reconnait que vivre à Barombi Mboh relève d’un parcours de combattant. Pour s’y rendre, il faudra d’abord vaincre sa peur en traversant grâce à un canoë à pagaie, les 4km de diamètres du lac Barombi profond de près de 120 mètres et sans gilets de sauvetage. Car, Ici, il n’ya pas de route. La mobilité des personnes et des biens est difficile et n’est pas souvent sans conséquences. «Il est souvent pénible pour nous de transporter nos marchandises au marché de Kumba. A plusieurs reprises nos provisions sont tombées dans le lac. S’il y avait la route dans notre village on souffrirait moins», pense Yenicas Didacus Kfeban, un natif de Barombi Mboh.
Comme les jeunes de son âge et la majeure partie des populations de Barombi Mboh, il est cultivateur de cacao de légumes, de canne à sucre, d’igname, de banane plantains et d’autres tubercules. La pêche fait aussi partie des occupations de ce village sevrer d’électricité depuis des décennies. « Nous utilisons des groupes électrogènes ici pour alimenter certaines maisons. Mais le carburant est cher. On ne peut rien. Les jeunes à cause de cette situation sont obligés d’aller en ville », affirme Ndokpe Joseph Sangwa, chef traditionnelle du village Barombi Mboh. « Nous n’avons que l’école primaire ici. Nous n’avons pas de centre de santé pour nous soigner. Nous sommes exposés à plusieurs maladies », ajoute le chef.
Parlant de maladies, il faut dire que les populations de Barombi Mboh sont constamment malades de paludisme. D’après le professeur Tchuem Tchuente, secrétaire générale du programme de lutte contre la schistosomiase et les helminthiases intestinales, les populations de Barombi Mboh ont aussi souffert de la Bilharziose et en sont encore exposés. Car, même si le taux de prévalence a drastiquement baissé passant ainsi de plus de 80% à 3% à nos jours, il faudra surveiller la zone sensibiliser les populations pour limiter la réinfections des populations.
Hervé Villard Njiélé
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