Officiellement c’est en 2013, que cet établissement de référence qui a formé nombre de cadres de la République fêtera son cinquantenaire.
Jeudi 7 septembre 2010. Soit un mois jour pour jours de la rentrée scolaire qui a eu lieu sur l’ensemble du triangle national le 6 septembre 2010. Nous sommes dans la zone de Bassa située dans le troisième arrondissement de Douala. Le collège saint Michel, « l’un des plus vieux temple du savoir de la capitale économique » est plongé dans un silence cadavérique. « Un environnement éducatif pour former au bien !» peut-on lire sur le babillard. Ici, les cours se poursuivent sans interruption et pas l’ombre d’un élève dans la cour principale. Au bureau du principal, au premier niveau de cet impressionnante bâtisse qui se dresse tel un joyau architectural, quelques parents sans doute venus solliciter un moratoire attendent d’être reçu par le frère Claude Doyon, le principal. L’homme, la cinquantaine dépassée qui nous reçoit se montre plutôt courtois. «Effectivement les cours ont démarré le 6 septembre 2010 avec l’accueil des élèves. Nous étions prêts parce que nous avons eu des personnes qui ont assuré la permanence pendant toutes les vacances. Le 6 septembre c’était la rentrée du premier cycle et le jour suivant, celle du second cycle. Et depuis ce temps là, nous fonctionnons régulièrement parce que nous avons fait tous les préparatifs nécessaires pour être au top le jour de la rentrée. Selon une tradition qui est la nôtre depuis de nombreuses années, il y a eu la semaine pédagogique préparatoire à la rentrée scolaire. C’est une semaine au cours de laquelle nous avons reçu notre archevêque Mgr Samuel Kléda qui nous a présenté le visage de l’éducateur chrétien. Nous avons aussi reçu un spécialiste qui nous a parlé des valeurs à véhiculer dans un établissement catholique comme éducateur et enseignant catholique.» nous confie-t-il sereinement.
Parlant des reformes qui ont été apportées sur le plan disciplinaire pour cette année scolaire 2010-2011, il affirme que « pendant cette nouvelle rentrée scolaire, il y a eu effectivement des changements parce que deux de nos pionniers sont allés en retraite. Et donc forcement il a fallu les remplacer. Ceux qui les ont remplacés ont dû à leur tour être remplacés. C’est un peu comme la confection d’un emploi du temps. Si vous enlevez un professeur quelque part ça crée forcement un vide qu’il faut combler. Nous avons davantage de classes au premier cycle. Nous avons deux préfets d’étude au premier cycle. Un pour le cycle d’observation (6è et 5è) et un autre pour les 4è et 3è. Ce qui est encore une nouveauté pour cette année. Avec tous ses changements, il a fallu beaucoup travailler pendant les vacances pour être à jour ».
Une école de référence
Fondation propre des frères du Sacré-Cœur, le collège Saint Michel voit le jour le 5 septembre 1960 par autorisation n° 02612/Men/Ep. Cet établissement d’enseignement secondaire comporte deux sections : une section d’enseignement général du premier au second cycle (séries A4, c et D), et une section d’enseignement technique commercial (séries B, G2 et G3), second cycle uniquement. Destiné aux garçons à sa fondation, il devient mixte en 1973. De septembre 1986 à juin 2004, le juvénat Sacré-Cœur, recevant des aspirants à la vie de frères a fonctionné au sein de l’institution. En 2004-2005, il fut converti en Centre jeunesse au sein duquel le Foyer Saint Michel accueille, comme internes, une vingtaine de garçons de la classe de 3è à celle de terminale. Aujourd’hui, l’école d’enseignement secondaire privé catholique qui accueille les filles et garçons de tous horizons sans distinction ethnique, religieuse ou de nationalité s’est ouverte sur l’internationale. Des enfants du Niger, de la Centrafrique, du Tchad, Sénégal et même d’Espagne y sont inscrits. On annonce des Italiens pour bientôt. Les parents de ses enfants d’une façon ou d’une autre ont entendu parler du collège Saint Michel de Douala. « Ce qui est une fierté pour les enseignants et le Cameroun ». Toutes choses qui pourraient se justifier par le fait que « la clientèle est allée croissant d’année en année d’un part et d’autre part le nombre de demandes que nous avons et la confiance que nos autorités de tutelle ont manifesté envers nous. Sans oublier celle des parents qui continuent de nous confier leurs enfants. Nous avons été centre d’écrit correction et délibération pour le Bepc avec 2984 candidats. De même pour le probatoire et le Bac. Ce qui est à encourager et à saluer. Parce que lorsque l’office du baccalauréat vous manifeste sa confiance. Nous sommes l’un des établissements pilote qui a l’enseignement bilingue. Nous avons le personnel, l’encadrement et les infrastructures indiqués. Nos résultats sont à la hauteur des attentes des parents. Je pense que nous sommes encore parmi les écoles de référence ici à Douala »
Ils sont nombreux ces hauts cadres de la République formés au collège Saint Michel de Douala et qui se souviennent encore comme si c’était hier de la discipline qui y régnait. Germain Ekwe, grand chroniqueur au journal le Messager se souvient de cette époque où la discipline était de mise. «N’accédait pas dans ce collège qui voulait mais qui pouvait. La discipline et la morale chrétienne était de rigueur. Une discipline qui se traduisait essentiellement par l’exactitude à l’école et le travail bien fait. L’élève était un érudit. Les enseignants tenaient à la bonne formation des élèves. Aussi, les élèves devaient-ils connaître au bout des doigts, toutes les semaines les leçons dans toutes les matières » se souvient-il. Et Hubert Ngandeu, responsable dans une micro finance d’avouer que « nous étions parmi les meilleurs des meilleurs. Tous ceux qui sortaient du collège Saint Michel trouvaient facilement un emploi parce qu’ils étaient des modèles. Nous travaillions avec les meilleurs enseignants qui nous inculquaient la morale chrétienne. Nous étions comme des frères et il fallait étudier pour réussir. La discipline comptait aussi. Il ne fallait pas seulement avoir de bonne note et prétendre aller en classe supérieures. Il fallait aussi être obéissant et respectueux des valeurs morales chrétiennes ». Maintenir le cap n’est pas une mince affaire. L’équipe dirigeante du collège est plus que déterminée à maintenir la barre haute nonobstant les difficultés rencontrées. Pour la nouvelle année le principal du collège Saint Michel et tout le personnel veulent continuer d’améliorer les résultats antérieurs. « Il y a une certaine difficulté inhérente quand je suis arrivé en 2005 après le décès d’un principal adjoint qui était là et que j’étais venu remplacer. Nous avons eu beaucoup de départs d’enseignants, qui pour l’école normale Supérieure qui pour des études avancées. Donc le remplacement de tous ces enseignants qualifiés a exigé de nous beaucoup de travail parce qu’il fallait trouver des personnes compétentes. Il y a également eu le fait que le collège s’est considérablement accru ces dernières années. De 1850 à 2382 l’inscription officielle de cette année. Donc forcément qui dit nombre accru d’élèves dit aussi nombre accru de professeurs et de classes. Tout le recrutement nécessaire, tout ce travail ne va pas sans exiger beaucoup d’énergie et de santé de la part du personnel » reconnait le principal. Pour lui, « le fait que nous ayons mis un grand accent pour remettre sur les rails la série A qui pendant des années était mise de côté à Saint Michel est à saluer. Nous avons voulu faire des séries A et B des séries autonomes. La série B étant une nouvelle série que nous venons de mettre sur pied. Donc tout ce travail a nécessité de gros efforts de suivie qui ont été déployés. Le fait d’avoir l’enseignement technique avec des séries G2 et G3 exige un gros investissement. Vous conviendrez avec moi que plus la structure grandi plus il est nécessaire d’avoir le personnel prêt et qui partage les valeurs des formateurs qui forment les jeunes dans la coutume qui est la nôtre à savoir : éduquer le Christ dans le jeune pauvre et sans espérance ».
L’amour de Dieu
Au collège Saint Michel, « l’accroissement de la clientèle a exigé une restructuration au niveau administratif, des infrastructures. Nous avons construit un bloc multimédia. Géré tout cela au quotidien n’est pas une mince affaire.
«Sur la base de l’accroissement en terme de clientèle, l’amélioration des résultats, les infrastructures, les commentaires des divers autorités de la place, nous sommes sur la bonne voie. Nous espérons, nous d’une certaine génération laisser à nos successeur quelque chose dont ils peuvent en être fiers »
En 2009-2010, le collège Saint Michel employait 78 enseignants pour 2268 élèves dont 950 garçons et 1318 filles.
Pour le frère Claude Doyom, « faire partie de l’institut aujourd’hui, c’est croire à l’amour de Dieu, en vivre et le répandre ; c’est, en tant que religieux-éducateurs, contribuer par l’éducation des jeunes (Rdv 13) ».
Depuis sa fondation, le collège a été dirigé par les frères : Sylvain (Marius Roy), Octavius (Jean-Louis Lemire), Gilbert Allard, Pierre Nyetewe, Alexandre Nana (frère ordonné), Jacques Bouaikaho, André Zanga et Claude Doyom.
Blaise-Pascal Dassié