Douala
Les Dossiers et les defis qui attendent le nouveau gouverneur du Littoral.
Joseph Beti Assonmo, récemment nommé à la tête de la région du littoral, hérite d’une région où des tensions sont présentes en permanence. Entre insécurité, grèves des temporaires du Chantier naval(Cnic) et la gestion des conducteurs des mototaxis, son séjour dans le littoral ne s’annonce pas facile.
Joseph Beti Assomo est le nouveau gouverneur de la région du Littoral. Il a été porté à la tête de cette région hier, par un décret présidentiel. Il remplace ainsi Faï Yengo Francis, l’ancien gouverneur de la région du littoral, appelé à faire valoir désormais ses droits à la retraite. Joseph Beti Assomo qui officiait déjà comme gouverneur dans la région de l’extrême Nord, n’aura pas un seul moment de repis. Des sa prise de fonction, le nouveau gouverneur de la région du littoral devra s’attaquer aux nombreux et épineux problèmes que connait son nouveau territoire de commandement. Et plus particulièrement, ceux de la ville de Douala, considérée comme la ville la plus rebelle du Cameroun depuis la colonisation.
Parmi les dossiers lourds qui attendent Joseph Beti Assomo, figure l’organisation et la régulation de la profession des conducteurs de mototaxis, véritable serpent de mer.
A l’origine du désordre urbain dans la ville de Douala et réputés pour leur délinquance, les conducteurs de mototaxi, sont les principaux responsables de la pluparts des accidents de la circulation, qui se déroulent dans la ville de Douala. Les multiples tentatives d’organisation de cette profession ont toujours rencontrés des obstacles divers. Les conducteurs de mototaxis parmi lesquels, se trouvent des brigands, se sont toujours opposés à l’assainissement de cette profession, pourtant important dans le transport des personnes dans une ville en chantier comme Douala. Des mouvements de protestation se sont fait entendre à chaque fois que les autorités administratives de la ville de Douala ont pris des décisions visant à assainir cette profession.
Le premier, c’était en 2009, au lendemain de la publication de l’arrêté du premier ministre régularisant cette profession. Les conducteurs de mototaxis et leurs syndicats étaient descendus dans la rue pour contester cet arrêté du premier ministre. L’opération d’identification, lancée depuis le mois de Janvier 2012, par la communauté urbaine de Douala (Cud), rencontre difficilement l’adhésion des conducteurs de mototaxi. Cette opération bien que gratuite, n’émeut pas ces derniers qui, trouvent malgré tout, le moyen de boycotter l’opération.
Le dernier arrêté visant à réglementer cette profession, qui rencontre toujours des obstacles dans son application est celui portant sur la délimitation des zones interdites à la circulation des motos dans la ville de Douala. Signé conjointement par Friz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala, et Bernard Okalia Bilaï, encore préfet du Wouri, cet arrêtée a amplement été contesté. à la fois par les conducteurs de moto et leur syndicats. Son application prévue pour le 12 mars a été renvoyée au 12 juin 2012. Ceci pour permettre aux conducteurs de moto qui disaient ne pas être prêt, de s’arrimer à cette nouvelle donne. Okalia Bilaî avait rallongé de 90 jours la date d’application de cet arrêté.
Pour s’attaquer cette cohorte de plus de cent milles conducteurs de mototaxi, qui clament à qui veut l’entendre « qu’ils sont une armées et qu’après eux c’est le Bir (bataillon d’intervention rapide)», Joseph Beti Assomo, le nouveau gouverneur de la région du littoral devra s’arrimer de courage.
Entre autre problèmes à résoudre par Joseph Beti Assomo, se trouve pareillement l’éternelle grève des temporaire du chantier naval et industriel du Cameroun(Cnic).
En grève depuis le 7 février 2011, les ex-employés du chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic) qui tiennent absolument qu’on leur paie les indemnités de séparation manifestent au quotidien leur ras-le-bol au sein de cette entreprise. Perturbant au passage le déroulement des activités dans les différents chantiers et bureaux. La présence des forces de l’ordre, qui ont presque élu domicile dans cette entreprise, à la demande des dirigeants, n’a pas réussi à dissuader les manifestants qui déclarent, être prêt à tout pour revendiquer leur droit. La descente de Robert Nkili, ancien ministre du travail et de la sécurité sociale, et actuel ministre des transports, dans cette entreprise n’a pas ramené la sérénité.
Malgré le fait que le ministre a donné l’ordre de payer les droits des manifestants, ceux-ci continuent de manifester parce que leurs droits n’ont pas été payés. Ces derniers réclament près d’un milliard huit cent millions de franc Cfa. Une situation pas facile à gérer.
Le nouveau gouverneur de la région du littoral trouvera également pendant sur son bureau, le dossier des indemnisations des victimes des émeutes de Deido, qui se sont déroulés du 31 décembre 2011 au 4 janvier 2012.
Selon les promesses faites par l’ancien préfet du Wouri, Bernard Okalia Bilaï, au lendemain de la conclusion des enquêtes qui avaient été menées, toutes les victimes devaient être indemnisées. A savoir, les conducteurs de mototaxis incendiées ou confisquées, les propriétaires des maisons et voitures brulées, les propriétaires des restaurants et des boutiques saccagées et incendiées. Bref, il était question que toutes les victimes puissent être dédommagées. Mais, jusqu’à nous jours, personne parmi les victimes n’a touché un copeck. Les conducteurs de moto, dont les engins ont été confisqués n’ont pas été remboursés. Ce qui énerve les victimes qui commencent déjà à lever la voix.
A la suite du dossier des indemnisations, Joseph Beti Assomo devra également s’investir dans la lutte contre l’insécurité grandissante.
L’attaque d’Ecobank qui s’est déroulée dans la nuit du 18 au 19 mars 2011, l’attaque qu’il y a eu sur le pont du Wouri très tôt dans la matinée du 29 mars 2012, les émeutes qui ont fait près de 4 morts à Bilongue, un quartier de Douala le 12 au 13 juillet 2011. Les nombreux cambriolages récurrents dans les micros finances de la ville de Douala, sans oublier les nombreux cas d’agressions, et vols perpétrés témoignent à suffisance que la ville de Douala et la région du Littoral tout entière, sont le creuset de l’insécurité. Où, des bandits de grands chemins ont élu domicile et opèrent en silence. Il faudra au nouveau gouverneur qui déposera bientôt ses valises dans la capitale économique du Cameroun d’avoir plus d’un tour dans sa besace pour mettre fin à cette insécurité dont les medias sont fatigués de décrier.
L’heure des défis
Parlant de défis à relever, Joseph Beti Assomo en a deux très grands à relever dans les mois avenirs. Il s’agit de la construction des nouveaux marchés dans la ville de Douala et l’organisation et la coordination des élections municipales et législatives.
Parlant de la construction des marchés dans la ville de Douala, il faut dire qu’il y a une anarchie totale dans les marchés de la capitale économique du Cameroun. Le commerce se déroule pratiquement dans la rue. D’où la nécessité de la construction des nouveaux marchés. Avec la vague des incendies qui ont consumée presque tous les marchés de la ville de Douala, ceci dû aux constructions anarchiques et aux installations électriques désordonnées, la construction des marchés se pose avec acuité dans la capitale économique du Cameroun, qui a du mal à polir son image. La commission de construction des marchés de Bonamoussadi, Congo, et de Ndogpassi présidé par Me Nico Halle a été installée le mercredi 14 mars 2012. Elle attend l’appui du gouverneur, pour réaliser ces travaux pas du tout aisés. Pour y parvenir, il va encore falloir que Joseph Beti Assomo fasse usage de sa dextérité de Gouverneur.
Elections
L’organisation et la coordination des élections municipales et législatives, semblent être la plus grande échéance, où seront testées les aptitudes de l’ancien gouverneur de la région de l’extrême Nord. Le littoral et la ville de Douala en particulier est reconnue comme le fief de l’opposition au Cameroun. Non seulement à cause des nombreuses contestations électorales qu’il y a eu dans cette ville, mais surtout et parce que, plusieurs partis de l’opposition sont concentrés dans cette région. Avec le désordre urbain qui y règne, et le caractère cosmopolite de la ville, Douala particulièrement est une ville difficile à maitriser. Avec l’introduction de la biométrie qui rend encore la gestion des élections plus complexe, il faut dire que le nouveau gouverneur n’aura pas la tâche facile. Il va falloir que celui-ci fasse preuve de témérité, de pugnacité, et surtout de virtuosité pour gérer ce dossier.
Bref dans l’ensemble, le nouveau gouverneur la région du littoral, Joseph Beti Assomo, qui s’est certainement investit dans la lutte contre les coupeurs de route dans la région de l’Extrême Nord, doit s’armer de la même dose de courage, dont il a fait usage, pour gérer les nombreux problèmes qui l’attendent dans la région du Littoral. On ne peut que lui souhaiter bon vent.
Hervé Villard Njiélé