Fortification alimentaire;Le ministère du commerce exige l’importation de la farine et de l’huile raffinées enrichies.
Réunie à Douala hier, les responsables des ministères du commerce, de la santé des mines et de l’industrie ont sensibilisé les commerçants détaillants et grossistes du littoral et du Sud Ouest sur cette nouvelle mesure ministérielle
Des enquêtes menées sur la situation de malnutrition au Cameroun, il ressort que les carences en vitamines et en sels minéraux sont encore très répandues. Cette situation s’est d’avantage dégradée au point d’atteindre un niveau inquiétant. De 1991 à 2006 par exemple, on est passé de 550.000 cas de malnutrition chez les enfants de moins de 5ans à 875.000 cas. La carence en vitamine A a connu la même trajectoire de même que la prévalence à l’anémie. Selon une enquête menée en 2000, la carence en vitamine A affecte 39% des enfants de 1 à 5ans tandis que la prévalence à l’anémie est passée de 38.1% en 1978 à 68.3% en 2004. Chez les femmes en âge de procréer, la prévalence de l’anémie est passée successivement de 23.7% en 2000 à 52.6% en 2004.
Pour lutter contre ces carences en vitamines aux Cameroun et mener d’une manière générale une guerre contre la malnutrition, causes, des nombreuses maladies et de la morbidité dans le triangle national, le ministère de la santé de concert avec le ministère du commerce et celui de l’industrie ont trouvé un moyen qu’ils pensent efficace pour résoudre ce problème. Celui-ci consiste en l’enrichissement de certains produits de large consommation en certaines vitamines et en sels minéraux. Parmi les produits choisis, figurent la farine de blé et les huiles végétales raffinées.
Pendant la conférence qui s’est tenue à Douala le 22 mai 2012 entre les responsables des trois ministères suscités, les importateurs, les grossistes et les détaillants, il était question de sensibiliser ces derniers sur ces nouvelles mesures prises par le gouvernement.
Selon Alex Marco Ndjebayi coordonnateur du programme de fortification alimentaire, la fortification alimentaire est l’introduction volontaire des vitamines et des sels minéraux dans les aliments à fortes consommation. Cette mesure contribue à lutter contre les carences contre les maladies dues à des carences en vitamines et des sels minéraux. C’est pourquoi, explique-t-il, «l’Etat a décidé qu’on vendra désormais dans le triangle national que de la farine de blé et de l’huile végétale enrichies. »
Selon les termes de l’arrêté signe conjointement par le ministre de la Santé Publique, le ministre de l’Industrie des Mines et du Developpment Technologique, le ministre du Commerce le 24 aout 2011, ne doit être vendu sur le territoire national que «des huiles végétales portant un nom spécifique enrichies en vitamine A et de la farine de froment enrichie en fer, en zinc en acide folique et en vitamine B12»
Cette mesure selon Judith Ntoumba ingénieur qualité représentant du ministre de l’industrie à cette conférence, toutes les entreprises produisant de la farine de froment et des huiles végétales présentent sur le triangle sont déjà conformées à ces normes. Et, le séminaire consiste donc « à sensibiliser les importateurs et surtout demander à ces derniers de n’importer que des produits qui respectent ces normes. A défaut rappelle Moîse Zang Akwa, le chargé de Mission Point Focal de la fortification alimentaire au ministère du Commerce, «si ces mesures ne sont pas respectées, les produits seront tout simplement saisies par les contrôleurs du ministère du Commerce ou des délégations. Le commerçant pris en fragrant délit sera également passible de poursuite judiciaire » affirme-t-il
Pendant cette conférence au cours de laquelle David Tségui, le délégué régional du commerce pour le littoral a rappelé que les mesures seront applicables d’un moment à l’autre parce que la période de mise en règle est déjà dépassée, les commerçants présents ont demandé que l’on rallonge ce délai le temps qu’ils liquident les stocks restants. Moise Akwa Zang qui représentait le ministre du commerce a promis rapporter les doléances à sa hiérarchie. Non sans demander aux commerçants et aux importateurs de se mettre rapidement au pas de peur d’être surpris par la mesure.
Hervé Villard Njiélé