Les habitants de cette ville de la région du Sud Ouest, sont tous affectés par cet accident de la circulation qui a tué 19 des leurs très tôt dans la matinée du samedi 12 octobre 2013
Il ne fallait pas être un devin pour comprendre ce qui se passe à Tiko, ville située à une vingtaine de Kilomètre de Douala, la capitale économique du Cameroun, ce dimanche 13 octobre 2013. Un jour après l’accident de la circulation qui a tué 19 personnes et blessé grièvement près de soixante autres, les populations ne se sont pas encore remis de cette hécatombe. Elles sont toutes plongées dans le deuil et sont profondément affectées.
Ce dimanche après midi aux environs de 13h 30min, la ville est calme. En dehors des klaxons des voitures et des ronflements des véhicules qui traversent cette ville pour d’autres de la région du Sud Ouest, aucun autre bruit ne se fait entendre. Les oiseaux et les animaux, eux aussi sont affectés par ce drame qui a paralysé toute cette ville. Ils ne chantent pas. Les baffles des différentes ventes à emporter qui distillent habituellement la musique à longueur de journées sont également muets. La ville est triste. Même les enfants parfois pas affectés par les décès, ne jouent pas. Quelques uns d’entre eux sont assis à la véranda de leur maison et contemplent ce qui se passe à l’extérieur sans faire de bruit. Ils sont aussi affectés par cet accident de la circulation mortel qui a tué plusieurs des habitants de cette ville. Le climat lui aussi est affecté. A la place d’un soleil caniculaire qu’il fait souvent dans cette ville à pareil moment, s’est substitué, un climat doux et clément. Il ne fait pas chaud. Dans ce soleil paresseux qui darde avec peine ses rayons, circule un vent frais qui fouette légèrement les visages des habitants de cette ville.
CDC camp
A Cdc camp, lieu où habitaient les différentes personnes décédées suites à cet accident de la circulation, l’émotion est à son paroxysme. C’est la consternation totale. Tout le monde est en larme. Père, mères, grands-pères, enfants, sont dépassés par les évènements. Tous, ils crient à tue tête et ne savent plus à quel saint de vouer. «He promises to take care of me and my baby. what do i do now?», declare l’épouse d’un employé décédé dans la langue de Shakespeare. La présence des riverains venus les consoler au lieu de calmer leur douleur, l’augmente plutôt. A la vue d’une connaissance, ces derniers pleurent d’avantage. Car, la douleur est vive. Certains d’entre eux épuisés et fatigués sont couchés à même le sol. «Lets me die too. What am i going to be without my father? Who will pay my school fees? lets me die, ! Lets me die !» répète sans cesse une jeune fille qui a perdu son père dans cet accident en se lamentant. Malgré la présence de ses camarades venus la consoler, elle pleure d’avantage en se débattant.
A coté de ces familles endeuillées habitants la cité des employés de la Cdc, d’autres familles dont les habitations sont fermées sont auprès de leurs proches internés à l’hôpital de Cottage. «La majorité des habitants de ce quartier ne sont pas là. «Ils sont à l’hôpital de Cottage, l’hôpital de la Cdc », déclare un riverain lui aussi choqué par ce qui se passe dans cette ville, victime de plusieurs accidents de la circulation meurtriers, en l’espace de quelques semaines.
Le film du drame
Selon des informations dignes de foi, l’accident de la circulation qui a tué 19 employés de la Cdc (Cameroun développement corporation), s’est produit aux environs de 5h du matin. Le Camion transportant les ouvriers de la Cdc, allait les laisser dans les différentes plantations de bananeraies et d’hévéa de Misselele quand l’irréparable s’est produit. Alors que le chauffeur roulait sans inquiétude, au niveau de « Del Monté », il se retrouve nez à nez avec un camion benne transportant du sable, en partance pour la ville de Buea. Les deux engins roulant à vive allure, le choc sera inévitable et violant. Les deux engins vont entrer en collision. Bilan immédiat ; 18 morts sur le carreau et 76 blessés graves identifiés et conduits à l’hôpital de la Cdc à Tiko. Alertés, les éléments de la brigade de Tiko et ceux du peloton motorisé de Buea sont descendus sur les lieux du drame. Sous les ordres des deux commandants de brigade, ils vont organiser les secours. Les blessés seront d’abord évacués et les corps ensuite. Ceci sous les ordres du Sous-préfet de Tiko et du préfet du département du Fako, tous deux présents sur les lieux de l’incident. Les dirigeants de la Cdc présents au lieu du sinistre, vont donner l’impulsion à ce secours, avant de se rendre par la suite à l’hôpital de Cottage (Hôpital de la Cdc) pour apprécier l’ampleur des dégâts.
Boucherie Humaine
Si les secours sont arrivés à temps pour sauver les blessés, extraire ces derniers des décombres des deux véhicules entièrement endommagés, n’a pas été aisé. Les gendarmes et les riverains venus à la rescousse étaient obligés de faire usage des scies à métaux, des haches pour extraire certaines personnes. Rassemblés toutes les personnes décédés étaient une autre paire de manches. Car, la violence du choc a littéralement broyé plusieurs employés. D’autres ont plutôt été décapités. Pour pouvoir les transporter à la morgue, les secouristes étaient obligés de mettre ces morceaux de corps dans des sacs vides d’engrais pour pouvoir les transporter.
Selon des riverains témoins de ce drame traumatisant, certains employés ont eu la tête coupée, les bras et les pieds tronçonnés tandis que d’autres ont été éventrés tout simplement ou littéralement broyés. «C’était de l’horreur véritable. Nous ne savons pas ce que les populations de Tiko ont fait pour mériter ça », déclare Emeka, une gérante de cyber qui frémit en faisant défiler les photos du drame. «Là où l’incident s’est produit, on se croyait dans un abattoir. Il y avait du sang partout et des morceaux de corps jetés en désordre. C’est la gendarmerie et ceux qui secouraient les blessés qui ont tout ramassé. Après, on a lavé l’endroit pour que ça n’indispose par les gens qui voyagent ou qui passent par là», déclare John un habitant de Tiko.
Sur les lieux du sinistre au lieu dit «Del Monté »ce dimanche après midi, pas de signes particuliers. Les épaves des véhicules accidentés ont été dégagées. Seuls quelques impacts de pas sont visibles. Les traces de véhicules accidentés aussi. C’est à peine que l’on reconnait cet endroit. Car, rien de particulier n’indique qu’il y a eu un accident mortel en ce lieu il y a quelques jours. Pourtant, 18 employés de la Cdc qui allaient au champ sont décédés à cet endroit et une autre, à l’hôpital de cette entreprise.
Cette hécatombe survenue le samedi 12 octobre 2013, intervient quelques semaines seulement après un autre drame qui avait fait 15 morts dans la même ville.
A titre de rappel, le mercredi 4 septembre 2013, aux alentours de 7h, un terrible accident survenu sur l’axe Douala-Tiko-précisément au point kilométrique 10, à quelques encablures du pont sur le Moungo arrachait la vie à quinze personnes. Treize personnes étaient mortes sur le champ, et les deux autres à l’hôpital. Selon des témoignages, une collision entre un camion Benz parti de Douala et un minibus de transport en commun en provenance de Buea avec 19 passagers à bord étaient à l’origine de ce drame.
Hervé Villard Njiélé