Affaire Paul Eric kingue : Le délibéré annoncé pour le 14 novembre 2012
Le ministère public dans les réquisitions de ce 30 octobre 2012 a demandé au tribunal de retenir la culpabilité de Paul Eric Kingue sur les détournements des frais de la location de la niveleuse et de l’installation de l’eau à la mairie de Njombé- Penja.
Déception. C’est le sentiment qui a animé tous ceux qui ont fait le déplacement de la cour d’appel du littoral ce 30 octobre 2012, pour assister au procès de Paul Eric Kingue, l’ex maire de Djombé – Penja. Ce sentiment, l’assistance l’a éprouvé pendant que le ministère public déroulait ses réquisitions. Ces réquisitions, à l’origine de quatre renvoies que ce procès a connu n’avait rien de nouveau. Comme ses confrères du Tribunal de grande instance du Moungo, le procureur général de la cour d’appel du littoral, a retenu les mêmes principaux chefs d’accusation qui pèsent contre l’Ex maire de Njombe-Penja. Il a demandé que le tribunal déclare la culpabilité de Paul Eric Kingue sur les détournements des frais de location de la niveleuse et de l’adduction d’eau à la mairie de Njombé- Penja. Seul le troisième chef d’accusation à savoir ; la livraison fictive du carburant a été élagué par le gardien de la loi. Pour soutenir son argumentaire, le procureur général à déclaré que l’ex maire de Njombé- Penja, dans la procédure de réception du don d’adduction d’eau n’avait pas reçu l’aval du ministre de l’administration territoriale. Il a évoqué les articles de la loi de 1974 et 2009 sur la gestion des communautés territoriales décentralisées pour se justifier. Le public a été déçu par ce réquisitoire, parce qu’il a cherché en vain, les nouveaux éléments que le procureur général de la cour d’appel du littoral déclarait avoir en sa possession à l’audience du 8 octobre 2012, pendant qu’il introduisait sa demande de renvoie. Bref, Il n’a rien dit de nouveau.
Plaidoirie
Pendant la plaidoirie qui a suivi les réquisitions du ministère public, Me Manfo n’est pas passé par quatre chemins pour demander que le tribunal acquitte purement et simplement Paul Eric Kingue pour fait non établi.
Selon l’avocat qui suit cette procédure depuis plus de cinq ans, il n’est pas question de condamner son client parce que celui-ci est innocent. D’après la défense de Paul Eric Kingue, c’est un procès en sorcellerie qui est entrain de se faire. «Car, on est entrain de chercher les poux sur la tête d’un chauve. Tous les témoins que le tribunal a convoqués dans le cadre de cette affaire ont déposé à la décharge de monsieur Kingue en âme et conscience et tout le monde l’a suivi. Je ne sais pas pourquoi vous le retenez ici. Mon client est innocent », a clamé Me René Manfo.
Parlant des témoins qui ont déposé dans le cadre de cette affaire, il y a l’actuel maire de Njombé- Penja, Ngolle Jacques Antoine. A l’audience du 10 septembre 2012, celui-ci avait déclaré à la barre que la mairie n’avait subit aucun préjudice. Qu’au contraire, la mairie avait plus tôt été enrichie. «Quand Nous arrivions à la mairie de Njombé Penja, nous avons fait un état des lieux. Il n’y avait pas d’eau ni d’électricité à la mairie. Mais, quelque temps après, monsieur Kingue a fait mettre l’eau et l’électricité. Si à la mairie, il y a l’eau, c’est que la commune n’a rien perdu », va-t-il laissé entendre.
Emboîtant le pas à l’actuel maire de Njombé-Penja, le chef de centre de Snec de Njombé, Ekambi Kingue qui avait dépose ce jour dans son témoignage avait reconnu l’effectivité du branchement d’une extension de la Snec à la mairie de Njombé –Penja. Tout en brandissant à la barre le dévie chiffré de ladite extension d’eau, le numéro du compteur et les factures de paiement de ces travaux, il avait déclaré qu’ «il n’y a pas de problème de paiement de l’extension de d’eau à la mairie de Njombé-Penja. Je n’ai pas encore entendu ça.»
Frédéric Nguinie Ekollo et Mbonjo Jacques successivement maires des communes de Dibombari et de Mbanga présents à l’audience du 21 septembre 2012 avaient pareillement innocenté kingué dans leur déposition au sujet de la location de la niveleuse. « Après ma prise de fonction, j’ai sollicité le maire Paul Eric Kingue dans le cadre de l’entraide entre commune sœurs, afin qu’il prête à ma commune, sa niveleuse. Ce qu’il a fait, et nous en avons profité pour évacuer une montagne d’ordure qui surplombait le marché de Mbanga, et ouvrir les voies d’évacuation d’eau dans la ville. Au moment des faits, je n’ai pas vu le maire Paul Eric Kingue, qui m’avait-on dit, était à Yaoundé. Il avait, accepté de nous aider, à condition que nous d’assurions l’approvisionnement de l’engin en carburant. J’ai sorti cent mille francs cfa de mes proches et le député Mbapte soixante quinze mille francs. Cette somme nous a permis de mettre nous-mêmes du carburant dans cet engin qui consomme 240 litres de carburant. Nous n’avons rien donné à Paul Eric Kingue, ni même à sa commune. C’était une aide et non une location», avait déclaré Jacques Mbonjo à la barre.
« Je reconnais que Paul Eric Kingue a mis gracieusement l’engin de la commune de Penja à la disposition de la commune sœur de Dibombari. Ma commune a sollicité cet engin pendant les préparatifs des obsèques de l’artiste TOM YOM’S. A cette époque là, les routes de Dibombari étaient coupées. Or, les obsèques de TOM YOM’S, fils de Dibombari, devaient faire arriver à Dibombari de nombreux invités parmi lesquels les membres du gouvernement, et les responsables du centre culturel français. Je venais seulement de prendre fonction et les caisses de la commune étaient vides. C’est ainsi que j’ai sollicité l’aide de mon collègue et camarade du parti, Paul Eric KINGUE, qui a mis l’engin de la commune de Penja à notre disposition, sans contrepartie. Nous n’avons pas loué l’engin et n’avons destiné aucune somme à la commune de Penja. La seule condition qu’il avait posée était d’assurer nous-mêmes le carburant et les pannes, s’il y en avait. Et les pannes, il y en a eu plusieurs, car cet engin était vieux d’environ 50 ans. Je peux vous dire Monsieur le Président, que chacune des réparations faites étaient financées de mes poches car l’urgence obligeait. Si vous allez dans la comptabilité de la commune de Dibombari, vous vous rendrez compte qu’aucun centime n’a été payé ni à sieur Paul Eric Kingue, ni à la commune de Penja », avait rajouté son compère Nguimé Ekollo Fréderic, le maire de Dibombari au tribunal.
Exceptions
Pendant sa plaidoirie Me René Manfo, qui assure la défense de Paul Eric Kingue va soulever les exceptions contenues dans le dossier de cette procédure. Des exceptions qui constituent d’après lui des vices de formes. Parmi ces dernières il a cité l’absence de citation ; l’absence du mandat d’arrêt ou d’incarcération dans la décision du tribunal de grande instance de Nkongsamba ; la non identification des témoins dans ce dossier pour ne citer que ceux-ci. D’après me Manfo, «Paul Eric Kingue n’a jamais été cité dans le cadre de la procédure. Les témoins dans cette affaire n’ont pas été identifiés. Toutes ces exceptions qui constituent des violations du droit de la défense, suffisent à déclarer la nullité de cette procédure» ; souligne-t-il.
Paul Eric Kingue à qui la parole a été donnée, va rappeler que les réquisitions du ministère public sont fondées sur des lois qui ont été abrogées. « Le parquet est indivisible. Mais ce qui ne me convainc pas c’est que l’indivisibilité du parquet ne doit pas se faire dans les erreurs. Le parquet de Nkongsamba s’est fondé sur la loi de 1974 portant sur la commune que sur les nouvelles lois de 2004 régissant les communautés territoriales décentralisées. L’article 154 de la loi de 2004 dit que les lois de 1974 sont abrogées » ; déclare Paul Eric Kingue. Parlant de l’appel d’offre qu’il aurait du lancé pour l’adduction d’eau à la mairie, il va faire savoir que les fait date de 2007 alors que la loi sur les marchés est promulguée en 2009. «Loi n’est pas rétroactive »; a martelé Paul Eric Kingue avant de demandé au juges de le laisser aller déposer la gerbe de fleur sur la tombe de son fils qu’il a abandonné depuis des années.
L’audience a été renvoyée au 14 novembre à 14h pour le rendu du délibéré sur la culpabilité de l’ex-maire de Njombé-Penja.
Hervé Villard Njiélé