Décès de Stéphane Tchakam: les journalistes camerounais en larme
Après le décès brutal ce lundi 13 aout 2012 de Stéphane Tchakam, brillantissime journaliste et émérite du quotidien Le Jour, qui assurait depuis quelques mois le poste de directeur des rédactions dans le journal de Haman Mana, ses collègues et confrères lui rendent ici un vibrant hommage
« C’est finalement une grosse perte pour la corporation »
C’est une matinée de lundi qui est plutôt cauchemardesque pour les hommes de médias en général. La mort vient une fois de plus perturber un tout petit peu la tranquillité, la célérité qu’il y a dans ce métier si tant est qu’il y a même une sérénité au sein de cette corporation qui a maille à partir avec les nombreux problèmes qu’elle rencontre. C’est à travers les ondes d’une chaine de télé de la place que j’ai appris, malheureusement devrais-je dire, le décès inattendu de Stéphane Tchakam.
Quand il officiait encore au sein de Cameroun Tribune, lui et moi, nous avions de très bons rapports. Il était toujours porté sur des questions culturelles. Et à l’époque, je pense que nous formions un quatuor formé de Stéphane Tchakam à Cameroun Tribune, Marion Obam à Mutation Louis Blaise Ongolon à La Nouvelle expression et moi-même au Messager. En fait, chacun apportait toujours du sien pour que l’article culturelle qui allait paraitre dans son journal ait quelque chose de plus que ce que son confrère devait produire. Stéphane Tchakam était toujours celui qui était le plus expérimenté, le plus outillé. L’image que je retiens de Stéphane Tchakam, c’est celui d’un journaliste chevronné, pétillant de talent, dévolu et qui aime son métier. C’est finalement une grosse perte pour la corporation. Je ne suis pas sûr qu’à l’avenir, on ait encore des plumes acerbes, et matures comme celui qui s’est brisé ce matin.
«J’espère que Dieu va combler le vide qu’il a créé. »
C’est une nouvelle qui m’a assommée. C’est le rédacteur en chef de Douala Denis Kouebo qui m’a appelé ce matin pour m’annoncer qu’i y a une mauvaise nouvelle. Et, qu’on devait se retrouver à la rédaction. Curieux que je suis, j’ai appelé Mathias Ngamo qui m’a fait savoir qu’il s’agit du décès de Stéphane Tchakam. J’ai été très choqué d’autant plus que, c’est samedi dernier qu’il annonçait sur facebook qu’il revenait ce lundi. Puisqu’il était en congé maladie. J’ai discuté avec lui pour savoir s’il ne pouvait pas différer son retour, question de se reposer un peu. Mais, il m’a fait savoir qu’il allait mieux. J’étais rassurer et je n’attendais plus que lundi pour le relire et le revoir. Et, ce matin cette triste nouvelle tombe dessus. Je suis un peu perdu. Je pense que je vais reprocher à Dieu de toujours nous enlever les hommes les plus valeureux, les hommes donc l’humanité a le plus besoin. Et, j’espère que Dieu va combler le vide qu’il a créé. Ce ne sont pas que des mots, Stéphane était un ange, il mettait la joie partout où il passait. C’était un professionnel accompli. Voilà un homme de qualité qu’on va perdre.
Théodore Tchopa (Journaliste au quotidien Le Jour)
Je suis d’autant plus terrifié et abasourdi que c’est à travers la revue de la presse d’une chaîne de télé de la place que j’ai appris cette triste nouvelle ce matin (Hier ndlr). Quelques minutes avant cela, j’ai constaté un appel manqué de Arnaud Tchapda, mon confrère. Et subitement à la télé j’entends citer Stéphane dans un angle Funèbre. C’est quand l’animateur poursuit en disant «nous souhaitons nos condoléances à la famille de Stéphane Tchakam que, j’apprends qu’effectivement il est décédé. Et, je manque de peu de m’effondrer.
Si j’apprends la nouvelle de cette façon comme tous les autres c’est tout simplement parce que Stéphane dégageait une sérénité au point où, il était difficile de soupçonner quelque chose. Sa dernière apparition dans cette rédaction, c’était dimanche dernier. Stoïque qu’il est, Il ne laissait pas transparaitre le doute sur son sors. C’est vrai qu’il était malade. Il nous a ouvert ses paupières et on a constaté que ces yeux étaient blancs. Il nous a rassuré en disant qu’il a commencé à se mettre sous régime, et qu’il espère que ça ira. Je garde de lui l’image d’un bosseur, d’un infatigable. Chaque fois que je le regardais bosser, je pensais toujours à ce savant qui avait dit «si je décède un jour écrivez sur ma tombe : Ici repose celui qui de son vivant ne s’est jamais reposé. J’ai vraiment le sentiment qu’il ne fallait que ce décès pour contraindre Stéphane Tchakam au repos. Globalement, Stéphane était humain, dévoué, il savait servir les autres plutôt que de se faire servir. Si on a été à l’école de Stéphane et qu’on ne garde rien, il faut dire qu’on s’est tout simplement trompé de chemin.
« Ce qu’il a semé, on va continuer à récolter même après sa mort. »
Très tôt ce matin, j’étais en route pour mon bureau lorsqu’ on m’a appelé pour m’annoncer le décès de Stéphane Tchakam très tôt ce matin à l’hôpital général de Douala. Je me suis immédiatement rabattu à cet hôpital pour me rassurer que cette nouvelle était vraie. Là bas, j’ai découvert qu’il était réellement mort. Il faut dire que Stéphane était en repos médical de 15 jours mais, il a brisé ce repos médical pour passer nous voir lundi passé. On était là à rigoler. On pensait qu’il était entrain de revenir. Car, il souffrait d’une anémie sérieuse. Rien ne laissait croire que quelque chose de ce genre allait se passer aujourd’hui. C’était un ami de très longue date. Le contact professionnel le plus sérieux s’est créé avec le crash de Banga Pongo. Quand il est arrivé ici en 2009, il a crée une ambiance sereine. Ce qu’il faut retenir de lui c’est qu’il aimait le travail de façon anormale. Son repos médical représentait 15 jours de traumatisme pour lui.car, ça l’empêchait d’être au travail. C’est tout le monde qui est touché. Stéphane a été d’un grand apport pour ce journal, pas seulement en tant que directeur de la rédaction. Mais aussi et surtout en tant que journaliste et grand reporter. Par sa présence, beaucoup d’enfants ont aimé le journalisme et ont développé de plus en plus de passion pour ce métier. Il donnait un coup de main à tout le monde. Il a tenu la double page au quotidien le jour, il l’a créée, il l’a portée. Depuis qu’il est devenu directeur de la rédaction, il y a un saut qualitatif terrible sur l’augmentation de la qualité du journal, l’augmentation du nombre de tirage, l’augmentation du salaire qu’il a obtenu avec le concours des autres. Ce qu’il a semé, on va continuer à récolter même après sa mort.
Recueillis par Hervé Villard Njiélé
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