Interdiction du port des tenues indécentes: Une décision morte née
La décision prises en début de semaine par des ministres de la république du Cameroun visant à mettre fin à l’indécence vestimentaire chez les jeunes filles n’est qu’un folklore.
Plusieurs ministres de la république du Cameroun ont fait une sortie musclée en début de semaine pour interdire le port des tenues indécentes ou sexys par les jeunes filles. Parmi ces ministres qui se sont constitués en bloc pour dénoncer avec véhémence ce comportement déviant, érigé en mode dans nos différentes villes, on note la présence, Marie Thérèse Abena Ondoa, le ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, Louis Bapès Bapès, ministre des Enseignements Secondaires, d’Ismaël Bidoung Kpwatt, ministre de la Jeunesse et de l’Education Civique, Ama Tutu Muna , ministre des Arts et de la Culture, de René Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et enfin de Hissa Tchirouma, le ministre de la Communication.
Dans cette sortie médiatique, faite dans le cadre du lancement de la campagne nationale de lutte contre l’indécence vestimentaire chez les jeunes filles, le ministre de la promotion de la Femme et de la Famille, Marie Thérèse Abena Ondoa promet des sanctions à toutes les jeunes filles qui s’habilleront encore dans des tenues indécentes. Selon des informations, ces dernières seront tout simplement traduites en justice.
Selon ces ministres qui recommandent aux jeunes filles camerounaises de s’habiller de manière descente, l’indécence au niveau de leur habillement est à l’origine de plusieurs maux sociaux. Parmi lesquelles, les viols. « Ces tenue exposent le corps des jeunes filles et les poussent à la pratique de la prostitution », déclarent-t-ils. C’est donc pour sensibiliser les jeunes filles sur leur habitude vestimentaire que la ministre de la promotion de la femme et de la famille, Marie Thérèse Abena Ondoa a organisé cette conférence qui avait pour thème « Halte à l’indécence vestimentaire chez les jeunes filles».
Si la mesure prise par Marie Thérèse Ondoa est à féliciter parce que va permettre aux jeunes filles, aux femmes camerounaises de couvrir leur corps et surtout de changer positivement leur habitude vestimentaire, on se demande bien comment le Minproff va procéder, pour faire appliquer cette mesure qui, selon plusieurs personnes, est plus semblable à un folklore qu’à une décision ferme.
S’il faut mettre un gendarme derrière chaque jeune fille, on constatera qu’on ne réussira jamais à implémenter cette décision. Puisque, le nombre de policiers et de gendarmes et même de militaires existant dans notre pays est assez insuffisant pour contrôler l’habillement de chaque jeune fille. En plus, même si cela était possible, on ne détachera jamais tous les éléments des forces de l’ordre de l’Etat du Cameroun pour venir faire cette besogne. Car, en le faisant, des secteurs clé de la sécurité de l’Etat du Cameroun seront négligés. Donc, c’est quasiment impossible. Compte tenu du fait qu’il n’ya pas d’élément de pression pour obliger les jeunes filles à s’habiller décemment, c’est d’avance peine perdue.
Autres aspect de cette décision du Minproff à analyser, c’est son cadre d’application. Où est ce que les jeunes filles seront appréhendées ? Dans la rue, dans les lycées, dans les bureaux ou partout. Si c’est dans la rue, il faudra bien poster les éléments dans chaque carrefour pour le faire. Chose impossible. Car, les éléments des forces de l’ordre seront débordés par le travail. Entre contrôler les véhicules, diriger la circulation et arrêter les jeunes filles habillées indécemment, celui-ci ne saura plus quoi faire.
En plus de cet aspect qui est négligeable, il faudra également que l’on apprécie ou que l’on définisse parfaitement le mot ‘’tenue indécente’’ pour permettre à tout le monde d’être unanime sur cette définition. Car, s’il est vrai que l’on parle des mini jupes, il faudrait justement que l’on précise la dimension standard de la jupe que porteront désormais les jeunes filles. Ainsi, cela facilitera la tâche à ceux-là qui seront chargés de veiller à l’application de cette loi de ne pas se tromper.
Outre cet aspect pas des moindre, la décision de Marie Thérèse Ondoa Abena, n’a pas défini les sanctions qu’on infligera aux filles qui vont tomber sous le coup de cette loi et où elles seront logées. Si c’est en prison, on mélangera ces dernières avec les criminelles qui sont en prison et ce sera une injustice criarde et une violation de droit. Parlant même de prison, il faut dire qu’il se pose un sérieux problème d’espace. Puisque toutes les prisons du Cameroun sont bondées de monde, et ne pourront pas contenir autant de personnes.
De plus, la décision du ministre est une fuite en avant. Car au lieu de réprimer plutôt les jeunes filles, elle gagnerait à militer pour l’introduction au programme scolaire des jeunes, des cours de morale qui les édifieront ces derniers sur les comportements vestimentaires. Par ailleurs, étant courant du fait que les programmes télé sont à l’origine de la promotion de ce genre de comportement, le Minproff gagnerait avec le concours du ministre de la communication partenaire de cette communication de filtrer les programmes des télés qui diffusent dans notre pays. Une autre faille à relever c’est la date d’entrer en vigueur de cette décision. Aucune précision n’a été faite.
S’il est vrai que les dvd (dos et ventre dehors) et les vcd (vendre et corps dehors) sont aujourd’hui à la mode et contribuent à la promotion des comportements déviants, il faut pareillement noter que la mesure du ministre de la promotion de la femme et de la famille est bien partie pour échouer avec fracas. D’ailleurs, on ne perd rien à attendre
Hervé Villard Njiélé