Martin Kwo (cultivateur à Yabassi.):«Gustave Ebanda a détruit les maisons et les biens des gens»
Agé d’une cinquantaine environ, Martin Kwo est un cultivateur habitant à Tondé Carrefour, un petit village de Yabassi. Ayant grandi dans cette zone, il est au courant de ce problème foncier qui existe entre son village et l’arrondissement de Douala 5ème. Il revient ici sur l’origine de ce conflit et du mécontentement des populations su village Tondé.
Qu’est ce qui est à l’origine de ce mouvement d’humeur qu’il y a en ce moment à Yabassi ?
Ce qui fait problème est ce litige foncier entre les populations de Yabassi et ceux de l’arrondissement de Douala 5ème. Les membres de la commission comme Ebanda détournent les projets du domaine d’utilité publique, c'est-à-dire le domaine privé de l’Etat,(Dup) les pour mettre dans le Nkam. Alors que, ce sont les territoires du Km 24 et 25 qui sont concernés par ces projets de la Dup.
La commission que dirigeait Ebanda a orienté ça vers le département du Nkam. Détruisant ainsi au passage les maisons et les biens des populations de l’arrondissement de Yakassi. Ils ont dans un premier temps, fait des recensements qui n’ont jamais abouti. C’est tout cela qui est à l’origine du litige foncier que vous voyez là aujourd’hui. Ebanda est rentré dans les champs avec des pelleteuses et a détruit les plantations des jeunes du village qui venaient de s’installer. Cela a créé des problèmes au point où, nous avons érigé les barrières ici pour protéger notre territoire. Nous avons même arrêté l’un de ses complices que nous avons conduit à la chefferie. Au niveau des autorités que nous avons saisis, ceux-ci n’ont pas réagi. Nous avons écrit au préfet, au gouverneur, au premier ministre et au président de la République. Mais, depuis deux ans que nous avons fait cela, il n’y a pas de changement.
Les autorités sont restées de marbre, ils n’ont pas réagis. Cette fois ci, les jeunes et nous sommes décidés. Même si c’est la mort on est prêt à l’accepter. Nous ne voulons plus la présence des engins dans nos plantations. Nous ne pouvons plus continuer à jouer comme ça. Nous sommes tous Camerounais et je ne pense pas qu’il y ait plus Camerounais que d’autres ici. Nous sommes ici depuis 1974 et d’autres depuis des années. Ebanda, on ne sait pas d’où il sort, vient aujourd’hui clamer que c’est la terre de leurs parents. Ils ont obtenu des titres fonciers sans tenue des palabres. On ne sait même pas comment ils ont procédé. Or tout le monde sait que, pour obtenir un titre foncier ici, il faut faire la palabre, réunir tout le monde y compris les voisins. Ce qui n’a pas été fait.
Selon vous, où se situe véritablement la limite entre Yabassi et l’arrondissement de Douala 5ème ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais vous dire que je suis ne le 12 juin 1953 cela suppose que j’ai cinquante et un an. Mes parents vivaient à Bonapriso et j’avais l’habitude d’aller au champ avec mes parents en passant par ici, quand j’avais 13ans. J’ai vu la première barrière qui était à kilomètre 15. Après, on a déplacé cette barrière à Km17. Et ce n’était pas le gouvernement qui le faisait mais, des particuliers. C’était un de nos parents M. Ngwet qui le faisait. Après pk17, la plaque a été déportée à Km 21 puis à km 27 comme vous le voyez aujourd’hui là. Tout cela est l’œuvre des Camerounais égoïstes qui ne pensent qu’à eux et jamais à leurs frères.
Que faisiez-vous pendant que l’on déplaçait ses limites frontalières de Yabassi avec l’arrondissement de Douala 5ème ?
Les populations étaient là mais, ne comprenaient pas ce qui se passait. C’était des manœuvres de gangsters. Aujourd’hui donc, les gars ont pris conscience. C’est pourquoi ils sont tous sortis pour dire non à cela et demander que l’on arrête de ramener les terres de Yabassi dans le Wouri. Une réunion avec les gouverneurs est d’ailleurs prévue à cet effet. Car, si entre temps les limites frontalières du département du Nkam ont été modifiées, il faudra que l’on nous le dise en nous montrant le décret présidentiel qui fixe ces nouvelles limites là. Ce qui est curieux dans cette affaire c’est que, aucune autorité du département du Nkam depuis que le problème persiste n’est jamais descendue sur le terrain pour voir ce qui se passe. Dans tous les cas, on est prêt à tout ici pour défendre notre territoire.
Réalisée par Hervé Villard Njiélé de retour de Yabassi.