Portrait:Elie Ngo, un handicapé débrouillard
Peintre exceptionnel, il expose ses œuvres à l’aéroport international de Douala
Pinceau à la main et des pots de peinture disposés tout près de lui sur une table qui sert de bureau, Elie Ngo, peint des tableaux et des cartes de voeux de diverses variétés à longueur de journée. Dans son atelier qui contient un lit où il se repose souvent « Engo » de son nom d’artiste reconnaît qu’il n’est le plus souvent inspiré que tard dans la nuit. Peintre réaliste, il s’inspire d’avantage de son vécu quotidien, pour produire ses œuvres. Il est beaucoup plus paysagiste et peint des scènes de vie au village. Il y consacre d’ailleurs la majorité de son temps et tire le maximum de son revenu de cette activité qu’il exerce depuis très longtemps. Il estime son gain mensuel à 100.000francs CFA environ. De son nom d’artiste «Engo », Elie Ngo fait la peinture depuis près de neuf ans. C’est dans les couloirs de l’aéroport international de Douala, entre les passagers qui partent et ceux qui arrivent que Engo s’est créé un univers professionnel. Il expose et vend ses tableaux et cartes de visite à tous ceux que l’art peut intéresser. Cet espace stratégique lui permet de gagner d’avantage d’argent et de subvenir aux besoins de sa petite famille que constituent sa femme, Olive Ngo et ses trois enfants Loïc, Blondel et David.
Accident de parcours
Handicapée moteur depuis l’age de deux ans, Elie se déplace à l’aide d’une chaise roulante et parfois d’une béquille. Agé de trente huit ans, il affirme que c’est accidentellement qu’il fait la peinture. « Je vendais des compact disk (Cd) au carrefour Kayo Elie à Bali. Après le lancement de l a lutte contre la piraterie par Sam Mbende en 2001,je me suis rapproché de Joseph Ketcha, un peintre Sud Africain avec qui je passais la majorité de mon temps. A force de le côtoyer, j’ai appris la peinture et j’y ai pris goût. » Titulaire d’un Cap en comptabilité et d’un probatoire en marketing, deux diplômes qui l’aident beaucoup dans la vente de ses œuvres d’art,Engo, reconnaît n’avoir jamais postulé pour un emploi administratif. Car, pour lui, « une personne handicapée doit avoir une profession libérale. ». Fier de sa condition, « Engo » entretient des bonnes relations avec des personnes valides. Notamment, Eugène Ekeke l’ancien lion indomptables, le responsable de’’ Quick air’’, cet espace café de l’aéroport international de Douala, où l’artiste expose ses tableaux, ses serveuses des nombreux jeunes du quartier « Grand moulin » à Douala où il réside.
Sympathique, sociable, enthousiaste et blaggeur,il est membre de plusieurs associations parmi lesquelles l’association du syndicat des personnes handicapées du Cameroun (Asphadicam), qui lutte contre la mendicité,et qui prône l’auto emploi en formant des jeunes handicapés dans les différents domaines de l’art tels : la coordonnerie , la vannerie, la peinture et la couture et la sculpture. Malgré la fierté qui illumine son visage, engo reconnaît tout de même que la plus grande difficulté qu’il a dans l’exercice de sa profession est le déplacement. Car, habitant le quartier Grand Moulin à Deido, pour se rendre tous les jours à l’aéroport international de Douala, lieu où il expose et vend ses tableaux, il dépense énormément. Elie Ngo n’est pas en retard sur le plan de la communication. L’artiste a créé un site web (www.handis.apale.skyrock.com) dans lequel, il expose ses œuvres d’art et de nombreuses informations sur lui. En plus de la création d’un centre artistique pour la formation des personnes handicapées sur lequel il travaille depuis longtemps, l’artiste prépare un film qui porte sur la marginalisation des personnes handicapées dans la société qui paraîtra en novembre 2009.
Hervé Villard Njiélé.