Près de 800 commerces réduits en cendres
Le feu, dont l’origine reste inconnue, s’est déclenché le 2 mars 2010 à la fermeture du marché. Il n’y a plus de marché à Tiko. Le seul qui existait dans cette ville du département du Fako, région du Sud-Ouest est parti en fumée. Près de 800 commerces réduits en cendres, selon le sous préfet de Tiko, Augustine Awa Fonka, si on compte les 600 boutiques construites et leurs excroissances. « All thing don finish for Tiko. In Douala, in Kumba, in Limbé, it was a part of the market. But In Tiko all the market don go. ” De la traduction de ces lamentations en pidgin d’une femme, il faut retenir que tout est fini pour Tiko ; à Douala, à Kumba et à Limbé, seule une partie du marché avait brûlé, mais à Tiko le marché s’est entièrement brûlé. Le drame s’est produit dans la soirée du 2 mars 2010 vers 17h 45 après la fermeture du marché à 17h. «Tous les commerçants étaient déjà partis. C’est de l’extérieur que les gens ont été attirés par une colonne de fumée sortant du marché », se souvient un commerçant qui était sur le chemin de retour pour son domicile. Comme lui, beaucoup d’autres sont revenus sur leurs pas à la suite de l’alerte générale. Si les raisons de l’incendie restent inconnues à l’heure actuelle, les témoignages indiquent que le feu est parti d’une boutique et s’est rapidement propagé. « Lorsque je suis revenu au marché, toutes les six entrées étaient déjà fermées. Mais des individus ont défoncé l’une d’elles et sont entrés. Il n’y avait pas d’eau, ni dans le marché, ni dans les environs. Un robinet trouvé ne coulait pas. Alors, la lutte contre les flammes s’est faite avec du sable, de la poussière, des bâtons et de l’eau venue des maisons environnantes », ajoute un autre témoin. Arrivés prestement, les militaires interdisent l’entrée dans le marché. Au grand désarroi des vendeurs qui ne cessent d’affluer de tous les coins de la ville de Tiko. Des femmes s’effondrent sur place et sont conduites dans des établissements hospitaliers. Il n’y a pas l’ombre d’un sapeur pompier. Le feu gagne en intensité. « Les câbles de haute tension se sont mis à brûler. Et le courant électrique passait toujours », s’indigne un jeune homme. Les militaires sont obligés d’évacuer tout le monde et de se mettre eux-mêmes à l’abri. La débandade est totale. Ce qui a été récupéré ne représente rien face à ce qui est consumé. Les commerçants de Tiko assistent impuissants à l’incendie qui ravage le marché entièrement clôturé. Les bâtiments s’effondrent. Venus de Douala vers 20 h, les sapeurs pompiers sont immédiatement repartis après que leur unique camion citerne s’est vidé. La nuit durant, le feu a eu le temps de brûler tout ce qui pouvait l’être avant de baisser en intensité. Dans l’obscurité, les pilleurs sont passés, emportant ce qui a été sauvé. Ils ont dévasté la petite annexe du marché où sont vendus huile de palme, vivres frais, tubercules, etc. Champ de ruines Jusque dans l’après-midi d’hier, 3 mars, les cendres portaient encore des flammes que quelques personnes essayaient d’éteindre avec de l’eau puisée dans des seaux. Le site du marché de Tiko est désastreux. Mais beaucoup de personnes, commerçants ou non, insistent pour entrer et se frayer un chemin parmi les tôles et les braises ardentes qui jonchent le sol. Ils fouillent les ruines pour ramasser même l’irrécupérable : des boites de conserve aux marmites ayant partiellement fondu en passant par des sachets de whisky à moitié vides. Munis de bâtons ou de barres de fer, les militaires, menaçants mais jamais agressifs, ont finalement interdit tout accès. Sur l’un des portails fermés du marché, est pendu une plaque portant le message suivant en anglais: « ouverture du marché à 7h, aucun vendeur autorisé après la fermeture à 17h, porte tout interdit, interdit de fumer ». Autant de mesures auxquelles il faut redonner un sens.
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