Samuel Eto’o:«Aujourd’hui, nos dirigeants doivent se remettre en question »
Samuel Eto’o : «Aujourd’hui, nos dirigeants doivent se remettre en question »»
Rencontrée à l'issu de l'incident qui est survenu au sein de l'équipe national du Cameroun au lendemain du match amical algerie Cameroun, incident qui a conduit à l'annulation de ladite rencontre, le capitaine des lions Indomptables du Cameroun Samuel Eto'o Fils qui a remporté la Lg Cup Samuel Eto’o Fils revient içi sur l'ambiance qu'il ya au sein de la tanière des lions. Celui qui ne fait lesine pas pas sur les mots a chargé les dirigeants du football camerounais. Entre mauvaise foi, incompétence, gabegie, le capitaine des Lions Indomptables ne manque pas d'adjectifs pour qualifier les dirigeants du football camerounais.
Comment se porte l’équipe nationale
? L’équipe nationale se porte bien. C’est vrai qu’on a traversé une période difficile.
Mais le plus important c’était déjà de mettre tous ces enfants dans le même groupe, dans le même wagon pour qu’ils puissent faire ce voyage ensemble. Je crois que cette phase est acquise depuis quelques mois et nous avons des résultats positifs.
Vous dites que tout va bien, pourtant il y a toujours cette étiquette de joueur indiscipliné qui vous colle à la peau.
Ceux qui ont la chance de séjourner dans cette équipe remarquent que ces problèmes d’indiscipline ne sont pas toujours réels. Certains essaient souvent de nous diviser et c’est ce qui fait souvent qu’on se rebelle. Il n’y a pas d’indiscipline ici. Ce que nous souhaitons c’est qu’on nous mette dans de meilleures conditions pour mieux défendre notre Patrie. Et quand ce n’est pas fait, c’est normal qu’on se rebelle.
Est-ce que finalement ce n’est pas un problème de communication et de transmission de vos doléances
? Ça peut être un problème de communication quand il s’agit d’une fois ou deux. Mais quand les mêmes problèmes existent depuis des années, soit il y a de la mauvaise foi, soit il y a de l’incompétence. Il n’y a pas d’indiscipline à l’équipe nationale. Il faut le dire aux Camerounais. Le Camerounais qui vient voir jouer Samuel Eto’o Fils ou Idris Carlos Kameni, ou Nkoulou, a laissé derrière lui tous ses problèmes. Il vient passer du bon temps parce qu’il croit en cette équipe. Mais on lui dit : « Monsieur Samuel Eto’o a fait ceci, il était en boîte, etc. ». C’est des conneries pour justifier certains actes ou pour cacher certains actes qu’ils ont pu poser.
Est-ce que vous savez à quel moment j’ai commencé à préparer le match contre le Sénégal ? Je ne trouve jamais de justification à un échec. Nous avions très bien joué, mais j’ai raté un pénalty, ce qui arrive au football. Mais jusqu’au vendredi soir avant le match, j’étais encore à l’ambassade de France pour intervenir pour trois visas de mes jeunes coéquipiers (Ndlr Momasso, Ndame Ndame et Hugo Nyamé). Je l’ai fait parce que je me suis dit que ces jeunes, psychologiquement déjà, avaient en tête qu’ils devaient découvrir l’Europe en plus de l’équipe nationale. Vous voulez me dire qu’on n’a pas eu le temps, depuis que la liste était sortie, de prévoir qu’on devait effectuer ce stage en Europe ?
Mon rôle, en tant que grand-frère, c’est de réunir mes coéquipiers, mais de l’autre côté, d’exiger des dirigeants qu’ils fassent leur travail. Si Eto’o fait quelque chose, il faut qu’on le sanctionne. Mais il faut que ce soit vrai qu’il l’a fait. Mais si Eto’o n’a rien fait, qu’on ne vienne pas déranger les gens tout le temps avec « Eto’o a fait ceci », parce qu’on veut distraire les Camerounais pour faire autre chose. Aujourd’hui, on a dit de reconstruire. Alors, reconstruisons dans la vérité.
Qui doit fixer les règles du changement ? Surtout qu’on vous reproche, Samuel Eto’o, de vouloir imposer le diktat de vos millions.
Le débat est tout le temps-là. Quand Samuel Eto’o dit qu’il faut que les choses changent, on dit qu’il a tellement d’argent que personne ne peut lui parler. C’est faux. Ici on ne parle pas de l’argent de Samuel Eto’o. Quand je dis que les choses doivent changer, c’est parce qu’on ne peut pas parler éternellement des problèmes de primes. Il faut que les gens soient responsables. Ce n’est pas à quelques jours d’une rencontre qu’on doit nous dire qu’on n’a pas prévu de prime de présence. Ce n’est pas normal.
Nous avons joué au Congo il y a quelque temps. Nous avons fait le stage à Bruxelles. C’est parti d’une bonne intention. Mais on aurait pu faire ce stage à Yaoundé. On aurait dépensé moins d’argent, mais surtout, on aurait fait un voyage de deux heures jusqu’à Kinshasa pour jouer. On a préféré un stage à Bruxelles, on a fait un voyage de sept heures jusqu’à Kinshasa et en plus, à l’hôtel, on avait des joueurs qui logeaient au 30ème, d’autre au 45ème, au 47ème au 18ème. Ça c’est l’indiscipline. Est-ce que cette indiscipline était causée par les joueurs ? Non.
L’image que vous projetée ces derniers temps c’est celle d’un groupe solidaire, uni. C’est quelque chose de fort et de fragile en même temps.
C’est quelque chose de très fort. Nous avons passé plusieurs années sans bons résultats. Mais, nous les joueurs, nous avons fait ce que nous devions faire. Aujourd’hui, nos dirigeants doivent se remettre en question et se demander ce qu’ils n’ont pas bien fait. A partir de là, nous allons avancer dans la même direction.
Propos recueillis à Marrakech par Madeline Soppi Kotto et retranscrit par Jean-Bruno Tagne