Scandale foncier à Yabassi: Les populations crient leur ras-le-bol.
Gustave Ebanda, le premier adjoint au maire de Douala 5ème accusé dans cette affaire foncière crie à la calomnie.
«Monsieur le gouverneur, nous sommes nés ici nous sommes âgés de 1 à 50 ans. C’est notre village ». «Ebanda vous avez détruit les plantations des nobles citoyens. Vous allez le payer». «Non à la tentative de prolongement des limites». «Non à la présence des engins dans nos champs». Voilà rassemblé de manière succincte quelques messages qui se lisaient sur les pancartes brandis par les populations de Yabassi et d’avantage ceux habitant le quartier Tonde Carrefour, limitrophe avec l’arrondissement de Douala 5ème, il y a quelques jours.
Tous debout, ils tenaient à manifester leur colère. Et, dénoncer les frustrations et les problèmes d’expropriations foncières abusives dont ils font face au quotidien dans leur village. Pour se faire aider par tous ceux qui peuvent mettre fin à ce gangstérisme bien organisé, ils se sont mobilisés au carrefour Tonde (petit village de Yabassi), pour crier leur ras-le-bol.
Informer de la descente de Beti Assomo, le gouverneur de la région du Littoral dans cette zone, les habitants de Tondè ont fait bloc pour défendre le patrimoine que leur à légué leurs aïeux. Des enfants, des hommes, des femmes, les vieillards, sans oublier les chefs de villages voisins, tous se sont mobilisés pour, dénoncer avec véhémence les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. A savoir, les menaces et l’expropriation forcée. Pancartes en main, ces derniers ont fait le tour du quartier en attendant que le gouverneur vienne rétablir la justice. Et, leur permettre de rentrer en possession du bien familial qui leur a été légué.
A l’origine de ce mouvement d’humeur qui créent beaucoup de tension dans le département du Nkam, la démarcation de la limite territoriale et administratives entre l’arrondissement de Douala 5ème et Yabassi. D’après les informations recueillies, la limite entre ces deux arrondissements (Yabassi et Douala 5ème) se trouvait au point kilométrique 15. L’explosion démographique qu’il y a à Douala, a poussé certains riverains à se rapprocher de Yabassi. Ainsi, au fur et à mesure que les populations occupaient les terres, les limites territoriales des deux arrondissements se déplaçaient aussi. A force de vendre des terrains, d’après les riverains, les habitants du village Ngoma se sont retrouvés à Pk 27, c'est-à-dire à Yabassi. Ils estiment que leur village progresse jusque là. Ce qui choque d’avantage les Habitants de Tonde Carrefour qui ont vu une grande partie de leur terre arracher de manière frauduleuse. «C’est petit à petit qu’on a reculé les bornes limitant les frontières entre le Wouri et le Nkam. La borne était d’abord au km 15. Quand Gustave Ebanda et sa bande, ont fini de vendre leur village, ils ont commencé à vendre pour les autres en déclarant que ces terres appartiennent à leur village, narre-martin Kwo, agriculteur vivant à Tonde Carrefour, avec beaucoup de colère. A force de repousser la plaque «Bienvenu à Yabassi», poursuit-il, «ils sont arrivés à Pk27. Aujourd’hui, nous sommes décidés de mettre fins à cela. Au non de quoi, on peut entrer dans les plantations des autres avec les engins et détruire tout jusqu’aux cultures » ? S’interroge-t-il. Avant d’affirmer que, toutes ces manœuvres sont faites pour exproprier les terres des villageois et les revendre aux plus offrants. «Trop c’est trop. Il faut que cela finisse » déclare- Martin Kwo, tout furieux.
Cet argument est partagé par Job Nyemby Sising, chef du village Tonde Carrefour. Pour lui, c’est avec la complicité d’Ebanda, l’adjoint au maire de Douala 5ème que le déplacement des limites territoriales et administratives a été fait. «C’est le Feu Ngwet qui est à l’origine de tous ces problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Notre plaque était à l’entrée de Km 15. On l’a déplacée trois fois. Les deux dernière fois, c’est Ngwet qui l’a fait. Car, en tant que agriculteur, il voulait participer à une foire qui ne concernait que les habitants du département du Wouri Avec la complicité d’Ebanda et son groupe, ils ont déplacé la plaque comme vous voyez là. Maintenant c’est devenu un problème. Il faut que l’on remette la plaque à son endroit habituel», réclame-t-il.
Plus de 320 hectares
D’après les populations de Tonde carrefour, limitrophe à celui de Ngoma, village du 1er adjoint au maire de Douala 5ème Gustave Ebanda, ce problème de litige foncier s’il n’est pas clarifié, pourra faire perdre au département de Yabassi près de 320 hectares. En le commercialisant à hauteur de 3000/m2, c’est plus d’un milliard de franc Cfa qui est en jeu dans cette affaire. De quoi saliver. Les populations de Yabassi portent pareillement un doigt accusateur sur les responsables du service des cadastres de Yabassi et de la ville de Douala. Selon des informations, ces derniers ont été sollicités plusieurs fois sans suite. Personne d’entre eux n’est descendu sur le terrain pour apprécier ce qui se passe. Et fixer de manière définitive les nouvelles limites de Yabassi avec le Wouri, ceci en présence du décret présidentiel qui définit les nouvelles limites de ce territoire.
Rencontré, le 1er Adjoint au maire de Douala 5ème parle de manipulation et de fausses informations. Il précise que les riverains ont occupé les terres de son village sans accord. C’est pourquoi il fallait le délimiter. « Je ne vois même pas là où il y a des problèmes. On est seulement en train de délimiter les frontières entre Yabassi et Wouri 5. On n’a encore chassé personne », déclare-t-il, tout serein avant d’ajouter que « les populations de Tonde sont manipulées par personnes tapies dans l’ombre ».
Descendu sur les lieux pour s’enquérir de la situation, le représentant du gouverneur de la région du littoral Aboubacar Njikam, a été boudé par les chefs de village de Yabassi. Ceux-ci ont estimé qu’il est juste venu légitimer le travail de « faux » qu’avaient déjà fait Ebanda. Tous ces chefs ont boycotté la descente sur le terrain. Ils ont estimé que les marquages que voulait approuver le représentant du gouverneur de la région du Littoral, ne sont pas les bonnes. Les populations de Yabassi y compris les chefs traditionnels de la zone comptent organiser un mouvement de protestation si la hiérarchie ne prend pas à cœur ces doléances là.
Hervé Villard Njiélé