Inondation à Douala: Près d’une trentaine de maisons détruites à Douala 5ème
Le coup d’envoie de cette vaste campagne de démolition forcée qui vise à libérer les emprises des drains occupées par les habitations a été donné ce lundi 6 juillet 2015 à Makepe Missoke Par Fritz Ntone Ntone.
Lazare Tchinda Tchio, jeune camerounais habitant au quartier Makepe Missoke est dépassé par ce qui vient de se produire dans sa vie. Debout près de ses affaires, il ne sait plus à quel saint se vouer. Pour grignoter du temps et trouver des réponses à ses nombreuses interrogations, ils rangent le reste de ses affaires et entassent quelques parpaings issus de sa maison démolie.
Habitant à Makepe Missoke depuis bientôt 15ans, ce père de cinq enfants qui croyait déjà avoir trouvé un logement définitif, dans une ville du Cameroun connaissant une crise criarde de logement comme Douala est obligé de tout recommencer. Il a assisté de manière impuissante à la démolition de son domicile ce lundi 6 juillet 2015. Debout le regard hagard, il est presque perplexe. « On n’a cassé ma maison avec toutes mes choses à l’intérieur. Actuellement, je ne sais pas où aller », raconte-t-il l’air désespéré. «Mon voisin m’a demandé de faire une chambre sur son terrain pour conserver mes choses avant de trouver où aller. C’est ce que je suis en train de faire», poursuit-il.
Tout prêt de lui on pouvait apercevoir soigneusement rangés, des canapés, des lits, un réchaud à gaz, une bouteille de gaz, des ustensiles de cuisine, des matelas et un ventilateur. «Ma femme et mes enfants sont allés chez ma belle mère. Je ne sais plus où aller ni quoi faire », affirme Lazare Tchinda Tchio tout malheureux.
A un patté de lui, Brigitte Djomgang, une autre habitante de Makepe Missoké est dans tout ses états. Assise à même le sol comme si elle venait de perdre un membre de sa famille, elle se lamente à grosses gouttes de larme. Les consolations de ses voisines n’altèrent aucunement sa douleur. Celle qui vient de voir une partie de sa maison rasée se demande bien où vont dormir les nombreux enfants en vacance chez elle. « On vient nous casser maintenant qu’on aille où. Je vais faire comment avec me enfants », se demande-t-elle en sanglotant.
Comme Lazare Tchinda Tchio et Brigitte Djomgang, c’est près de 40 familles qui ont été témoins de la démolition de leur maison ce lundi matin. Armées de massettes, de gourdins, de pelleteuses et autres engins de destructions, les agents de la communauté urbaine de Douala conduits par Fritz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala sont descendus très tôt à Makepe Missoké quartier de l’arrondissement de Douala 5ème. Sans le moindre mot, ils ont commencé la démolition des maisons situées sur la rive du drain qui traverse ce quartier. Pendant deux heures d’horloge, ils ont fini leur besogne et se sont rendus dans d’autres quartiers de la ville de Douala où les casses doivent avoir lieu.
D’après les informations en provenance de la communauté urbaine de Douala, les démolitions de ce matin ne sont que le début d’une longue série qui va se poursuivre durant tout le mois de juillet et au delà.
Ce processus qui vise à lutter contre les inondations à Douala a pour objectifs de libérer, les drains en détruisant toutes les constructions qui ont été faites sur les lits d’eau. Les quartiers Makepe Missoke, Cité des palmiers, saint Thomas dans l’arrondissement de Douala 5ème sont les plus concernés. Pour cet arrondissement seulement d’après le délégué du gouvernement, plus de 300 habitations et autres constructions seront détruites durant cette campagne. Et après cette première phase, les lits d’eau seront également curés et élargis.
Contestations
S’il est vrai que Fritz NtoneNtone ne fait que respecter les décisions de la réunion de crise qui s’est tenue à Douala avec le gouverneur de la région du Littoral au lendemain des inondations qui avaient sinistré plus de 2000 familles à Douala, les populations se plaignent du mauvais déroulement de ces casses. Ces derniers dénoncent le non respect de l’espace à démolir et surtout du non respect du délai de démolition. « On avait marqué l’espace à casser. Nous avons pris des mesures pour cela mais aujourd’hui ils n’ont pas respecté cela. Ils ont même gâté mes choses. Je vais faire comment », se plaint dame Brigitte Djomgang dont la moitié de la maison a été rasée. « Le maire de Douala 5ème nous avait dit que la rigole devait avoir 6 mètres de rive. Maintenant, on n’a pas respecté cela. On a débordé la limite. Quand on veut faire un travail, qu’on le fasse bien », s’indigne Lazare Tchio en affirmant que les démolitions ont commencé dans ce quartier depuis le 4 juillet.
Cette situation révolte également Jean Bertin kemajou responsable de l’organisation de la société civile, Dynamique citoyenne. Celui qui est contre ces démolitions, invite les agents de la communauté urbaine de Douala «à revêtir ces démolitions d’un visage humain».
Hervé Villard Njiélé