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Le blog de Hervé Villard Njiélé

Itw: Woungly Massaga: «C’est un dialogue national qu’il faut faire»

13 Octobre 2017, 14:02pm

Publié par Hervé Villard

Désormais conseillé du président national du mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Woungly Massaga fait une analyse de la crise anglophone qui secoue le Cameroun depuis un an. Dans une interview accordée à La Nouvelle Expression, le Commandant Kissamba, général de la lutte pour la libération du Cameroun sous la bannière de l’Upc condamne l’arrogance des membres du gouvernement dans la gestion de la crise anglophone. Il fustige le silence du président de la république et invite ce dernier à l’ouverture d’un dialogue franc pour sauver le Cameroun d’une probable guerre civile. Lisez plutôt…

Vous êtes au fait de l’actualité dans la zone  anglophone. Il y a quelques semaines, une bombe similaire aux autres ayant fait des dégâts à Bamenda explosait près de la Scdp à Douala. Quel commentaire faites-vous de cette situation là?
Je commencerai par préciser que le hasard a voulu que je sois celui qui en 1972, a donné la réplique à Ahidjo quand il a décidé d’organiser un referendum. Pour moi c’était u  referendum d’annexion et non d’unification du pays. C’était une annexion voulu par la France. Car, on venait de découvrir le pétrole au large de la plage de Limbé et la France voulait une main mise totale sur le pétrole du Cameroun ce qui a d’ailleurs réussi.
Dans ma déclaration, je dénonçais les accords qui violaient non seulement les accords de Foumban mais aussi la constitution de la république fédérale du Cameroun. Et il faut préciser que la modification du statut fédéral du Cameroun ne devait se faire qu’après négociation entre la partie francophone et anglophone du Cameroun. Donc pour moi, les évènements qui se produisent maintenant au Cameroun étaient prévisibles. On ne peut pas mentir sur l’histoire et les données de cette histoire. C’était prévisible que les anglophones finissent par prendre conscience. Car, en 1972 avant le referendum, nous avons cherché à prendre contact avec les responsables de la partie anglophone mais il n’y avait personnes. Tous ceux dont on parle aujourd’hui «les ambazoniens et autres» étaient absents. Il n’y avait pas d’opposition. Toute la bourgeoisie anglophone, était avec le président Ahidjo. Et il n’y avait pas de personnes pour dire qu’il y avait un mouvement de sécession annoncé par la suite. Tout ce qui se fait là vient d’être monté de toute pièce. Le régime est le premier responsable de la crise anglophone et malheureusement il la gère mal et avec des maladresses incroyables. Je prends juste un exemple. Lorsqu’ils disent qu’ils ont libéré les leaders anglophones alors que certaines sont encore en prison, je pense qu’ils ne sont pas sérieux. Ils pensent que ceux qui sont encore en prison sont plus responsables que ceux qu’ils ont libérés? C’était prévisible que cette situation crée plus de mécontentements qu’on ne l’a vécu. Au lieu de libérer les leaders anglophones à deux ou trois mois de la rentrée des classes pour que des dispositions soient prises pour une rentrée scolaire normale, ils les ont libérés à deux ou trois jours de la rentrée scolaire. Pour quel effet? C’est stupide et tout cela me semble élémentaire. A voir l’allure où vont les choses, je me rends compte que ce système n’est bon qu’à changer.
 A vous écouter, on dirait que les anglophones sont responsables de ce qui leur arrive actuellement?
 Les anglophones ne sont pas responsables de ce qui se passe aujourd’hui. Car, le gouvernement a mis sur pied une mauvaise politique de gouvernance et ces derniers n’ont réagi que par rapport à cela. Les leaders anglophones étaient au courant de tout les tripatouillages faits mais n’était pas en mesure de se mobiliser. Maintenant, ils le sont et vous ne pouvez pas dire que le mouvement est marginale et que le peuple n’est pas impliqué. Le peuple anglophone dans l’ensemble est bel et bien concerné.
Vous avez combattu pour la libération du Cameroun sous la bannière de l’Upc. Au regard de tout ce qui se passe dans la partie anglophone, pouvons craindre que cela dégénère en guerre civile?
Je souhaite que cela ne dégénère pas en guerre civile. Je souhaite que les gens se dotent rapidement d’un régime capable de gérer les problèmes du pays et d’éviter cela. Mais, si on tarde un peu si on garde la même équipe là, j’ai peur qu’on en arrive de fil en aiguille à une situation incontrôlable. Je vous ai cité les erreurs qui se commettent. Le gouvernement devait libérer tout  le monde et ils ont libéré seulement les leaders. C’est de la gestion ça ? Sur quoi se fonde cette  justice?
En tant que stratège de guerre. Pour éviter que cette situation ne tourne au vinaigre, que faut-il faire selon vous?
Je ne suis pas dans une situation où je peux donner des conseils au Président de la République. Il a des conseillers de guerre certainement plus capés et plus instruits que moi. Je pense que ce régime, il faut le changer malgré le fait que les Camerounais malsains continuent de faire des appels à candidature. Tout peut basculer dans ce pays. On n’a pas forcement besoin d’attendre 2018. Je ne lis pas dans la boule de cristal mais, cela peut être même se faire avant. Si les gens gèrent mal le pays à quoi vous attendez-vous. Je ne crois pas qu’on peu avoir une telle situation aussi grave et continuer de la gérer de manière aussi irresponsable. Je ne peux pas leur donné des conseils parce que je suis le conseillé de Kamto et non celui de Paul Biya. Je ne souhaite pas que cela dégénère mais, nous avons en face un régime qui laisse pourrir les choses. Qui ne prend que des mesures qui révoltent les gens. Regarder les discours qui sont tenus maintenant, c’est un discours colonial. Dès le départ de la crise, on a arrêté des gens à Bamenda et à Buea qu’on a mis en prison à Yaoundé. N’ya -t-il pas de prisons dans ces régions là. Ce sont des méthodes coloniales. C’est normal que les habitants de ces régions là se sentent mal à l’aise et qu’elles résistent.
Le 1er Octobre 2017, on a assisté à une marche populaire similaire à celle de 1992 dans la partie anglophone du pays. Comment peut-on interpréter cela selon vous?
Vox populi vox dei. Ce qui se passe là, c’est même qu’il faut prendre en compte. La voix du peuple est la voix de Dieu. Elle doit s’imposer. Si Paul Biya avait des doutes sur le fait que les revendications des leaders anglophones ne se fondaient sur rien, il a là une démonstration du contraire. Ça traduit une volonté populaire de changement. J’ai suivi, ils ont une volonté de dialogue. Depuis 1972 ma position est qu’il faut revenir au dialogue et à la fédération. Comme les membres du gouvernement sont trop intelligents, et qu’ils ont la force de la communication, il dédeviennent des portes parole de l’autoritarisme coloniale et de la colonisation. Il faut le dialogue. Les pontes du régime font dans la langue de bois pourtant aucun d’eux n’à œuvrer pour l’unification du Cameroun. C’est l’Unc qui a unifié le Cameroun, est ce que c’est le Rdpc? Ils savent tous très bien que c’est un dialogue artificiel qu’ils ont construit. C’est nous de l’Upc qui nous sommes battus pour l’unification de ce pays. Ils ont plutôt saboté la démarche parce qu’ils voulaient servir les intérêts français. S’ils peuvent plutôt avoir la modestie de réfléchir un peu, C’est un dialogue national qu’il faut faire ici. Et non, envoyer des sous fifres qui viennent discuter du panier de la ménagère et jamais des réels problèmes de fond. Je ne pense pas qu’ils sont de bonne foi.
Réalisée par Hervé Villard Njiélé
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