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Le blog de Hervé Villard Njiélé

 Mathieu Teyomnou: «La rareté du «Biatowe» est l’une des conséquences de la désertification au Cameroun»

9 Juin 2022, 09:29am

Publié par Hervé Villard

 Mathieu Teyomnou: «La rareté du «Biatowe» est l’une des conséquences de la désertification au Cameroun»
Chercheur en écologie, Mathieu Teyomnou depuis une trentaine d'années a consacré sa vie à la protection de l’environnement. Chercheur en écologie, il mène depuis quelques mois une campagne pour la lutte contre l’avancée du désert en Afrique et au Cameroun. A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’environnement, celui-ci a une fois de plus  rappelé l’urgence du reboisement en Afrique et au Cameroun.
«Désertification et  reboisement de l’Afrique », qu’est ce qui justifie le choix de ce thème ?
Le contexte international voudrait que le sujet de la désertification soit mis au premier plan dans tous les débats écologiques et environnementaux ceci pour une prise de conscience  sur plan international, national et local: C’est pour ça que le thème a été choisi. Ce n’est pas inventé. Ce thème nous convient parce que la désertification ou le reboisement font partie des thèmes centraux de nos prochains ouvrages. La thématique est d’actualité et il ne faudra pas que le Cameroun soit en retard quand il faut aborder des sujets d’importance comme celui-là.
 Est-ce que la bataille pour la protection de l’environnement n’est pas en guerre avec l’industrialisation et les industriels de nos jours ?
 On ne saurait parler de la guerre. Il faudrait simplement  les conscientiser, les  sensibiliser. Ce sont les êtres humains. Vous pouvez avoir toute la ville de Douala pour vous seul aujourd’hui mais votre sens de l’humanité vous interdit de faire certaines choses. C’est pourquoi lors de la conférence  j’ai invité les industriels et tous ceux qui étaient présents à comprendre que chaque acte que l’on pose a des conséquences sur l’environnement. On atténue les actes que l’on pose avec des actions comme le reboisement. C’est ainsi que l’on trouve des situations alternatives pour ne pas être auteur de la mort de la planète. C’est une question de conscience individuelle ou collective. On peut en même temps développer son industrie et trouver des solutions alternatives pour atténuer les effets de son industrie sur l’environnement.
Est-ce que votre bataille n’est pas finalement un mythe de Sisyphe, puisque pendant que vous militez pour le reboisement on continue de détruire les forêts?
Non, ma bataille n’est pas comparable au mythe de Sisyphe. C’est un début de solution. C’est pourquoi je situe ma bataille dans  trente ans. C'est-à-dire que le comportement que nous avons aujourd’hui que nous le changeons. C’est un processus qui est lancé. Il commence progressivement et dans dix ans ou vingt ans  les gens pourront se démarquer. On pourra apprécier déjà les bienfaits. Par rapport à cette démarche, l’Afrique est en retard. D’autres continents sont suffisamment avancés dans cette logique-là.
Est-ce qu’on  peut considérer la rareté du «Biatowe», cette espèce de crevette qui a donné au Cameroun son nom dans la ville de Douala, comme l’une des conséquences de la désertification au Cameroun?
Absolument.  Le «Biatowe» comme tous les produits de mer ou halieutiques prospèrent dans un milieu environnementaliste  idéal.  C’est-à-dire que les facteurs de vie et de reproduction sont réunis. L’eau et les essences  naturelles. L’eau doit être  moins acide pour favoriser les conditions de reproduction. Si le milieu  comme le fleuve Wouri devient de plus en plus acide avec tous les déchets qui y entrent cela détruit le potentiel d’hydrogène de l’eau (PH). Quand l’eau devient potentiellement acide, toute vie y devient impossible.
 Trente ans après l’échec de l‘Opération sahel vert, vous revenez encore aujourd’hui avec le reboisement. Est-ce que c’est vraiment ça la solution à la désertification?
C’est la solution parce qu’on a eu deux pôles de sensibilisation. On a péché par le passé parce qu’on a omis un facteur que j’appelle dans mon ouvrage la mobilisation optimale de l’élite citoyenne. L’Etat ou le gouvernement a cru qu’il pouvait venir aider la population à planter les arbres. Il faut laisser l’occasion aux populations de s’impliquer dans le processus de reboisement eux-mêmes. C’est pour cela que je pense aux imams, aux croyants des églises catholiques et protestantes aux chefs traditionnels. Tous les chefs traditionnels doivent aussi apporter leur appui. Ne laissons plus l’occasion à l’Etat d’aller chercher les solutions et de venir les proposer aux populations. Il faut donner la possibilité aux populations de planter les arbres et précisément le type d’arbre approprié à leur milieu naturel et vous aurez les résultats. Il faut intégrer les populations locales et notre  travail est de mettre sur pied des leviers de sensibilisation.
Interview réalisée par Hervé Villard Njiélé
 Mathieu Teyomnou: «La rareté du «Biatowe» est l’une des conséquences de la désertification au Cameroun»
 Mathieu Teyomnou: «La rareté du «Biatowe» est l’une des conséquences de la désertification au Cameroun»
 Mathieu Teyomnou: «La rareté du «Biatowe» est l’une des conséquences de la désertification au Cameroun»
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