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Le blog de Hervé Villard Njiélé

Douala: Le calme revient à Deido

18 Janvier 2012, 12:27pm

Publié par Hervé Villard

Copie (2) de PICT0181
 
Le quartier, théâtre des affrontements sanglants avec mort d’homme à l’appui a connu un calme  particulier hier. La vie a repris son cours et les nombreuses boutiques et snack-bars ont ouvert leurs portes.
 
Quartier Deido ce jeudi 5 janvier 2012. Il est 10h.  La majorité des ruelles qui desservent ce quartier est calme. Les habitants vaquent à leurs nombreuses occupations. A l’entrée du Boulevard des Stars, une rue de Deido où deux maisons, une voiture et plusieurs commerces ont été incendiées pendant les émeutes qui ont duré plusieurs jours, la vie a repris.  Les commerçants vaquent à leurs occupations de même que des conducteurs de moto taxi. Du pont Bonabassen à l’école publique en passant par l’axe lourd Bépanda, ça circule normalement. Veuve Toko Jacquie propriétaire de l’une des maisons incendiées qui a rendu visite à sa voisine  discutent paisiblement avec elle malgré le coup dur donc elle a été victime. Abattue par le poids du désastre qu’elle a subi, elle ne sait à quel saint se vouer. «J’étais à la maison, avec mes petits-enfants quand cela a commencé. Les gens sont venus brûlées ma maison devant la police et ils n’ont rien fait » raconte-t-elle péniblement.
 Selon la pauvre qui déclare squatter  encore chez une amie en attendant où aller, sa maison de quatre chambres un salon deux douches une cuisine sans oublier deux autres chambres  qui servaient de maison de commerce a été entièrement réduite en cendre avec leur contenu, «rien n’a pu être sauvé car l’incendie était rapide » témoigne-t-elle avec amertume. A total Bonabassen,Bonatone, Rue des stars, Eyengue Kongo, Deido Plage, le calme est revenu, des commerces sont ouverts. «Les deido Boys» qui patrouillaient dans tout le quartier à la recherche de l’ennemi (les motos taxis) ne sont pas visibles. Ces derniers ont abandonné les rues et le quartier aux activités qui commencent à reprendre leur droit de cité.
Selon  Hamidou propriétaire d’une alimentation qui a tout de même ouvert son commerce, le calme n’est que apparent. «Ça ne va pas encore puisqu’on n’a pas encore enterré la personne qui est morte. Vous voyez les policiers et les gendarmes sont partout ce qui veut dire que ce n’est pas fini. Nous on teste encore le terrain, des que ça recommence là, on ferme » Pense-t-il.
Argument battu en brèche par Jean Claude, gérant du Snack-Bar le vélodrome situé à l’entrée dit Trois boutiques où, plus d’une vingtaine de consommateurs assis à l’extérieur boivent tranquillement. Selon l’avis de celui qui a ouvert son lieu de commerce aux environs de 8h hier, et qui croit fermement au retour au calme, la paix est revenue. «Comme tu es entrain de constater, la paix revient au fur et à mesure. L’ambiance qui règne là, est un début de paix. Compte tenu de la présence des forces de l’ordre je ne vois pas qui peut traverser pour venir faire du désordre de ce côté. C’est vrai que les motos ne passent pas encore et c’est normal. Il faut respecter la mémoire de celui qui est mort. » Affirme-t-il.
 Du rond-point feu rouge au rond-point Deido, les activités ont repris de plus belles. La circulation qui était perturbée hier est fluide. Les commerces fermés la veille sont également ouverts. Bref le vacarme absent depuis le début des émeutes est présent. Les conducteurs de moto interdits de circulation sur ce tronçon de la route circulent librement. On les aperçoit  d’ailleurs stationnés au rond-Point Deido.
Les motos  toujours persona non grata.
Malgré ce calme, les motos taxi ne circulent pas dans Deido. Pour se rendre au Rond-point de ce quartier, le conducteur de moto qui part de Bonamoussadi ou de Bépanda est obligé de passer par l’école publique puis le feu rouge avant de se rendre au Rond-Point. Ce que ne digèrent pas toujours les conducteurs de moto qui estiment le trajet long. «Pour arriver au Rond-point, on est obligé de contourner tout Douala alors que la route passe à Deido. Est-ce que c’est normal ça ? Il ne faut pas qu’on fasse croire aux gens qu’ils sont plus camerounais que les autres, il faut que cela change. » Réagit Paul Eric un conducteur de moto.
Pour parer à tout débordement et empêcher aux conducteurs de moto récalcitrants de circuler dans Deido et réactiver la tension qui s’estompe déjà,  les forces de l’ordre qui n’ont pas quitté le quartier sont postées  presque partout. Toutes entrées de ce quartier sont d’ailleurs minées. Les flics postés à ces endroits veillent aux grains. Ces derniers en tenu se sont débarrassés pour la majorité de leur bouclier anti-émeute et de leur masque à Gaz. Les plus  en action sont ceux postés au rond-point Deido et plus précisément à la montée Saker, au rond-point  école publique et à l’entrée du pont Bonabassen.  Armés de matraques, ils contraignent les conducteurs de moto têtus à respecter les consignes édictées.  
Entre temps, le dispositif de dissuasion est disponible. Devant le commissariat du 9ème arrondissement  les véhicules des éléments des forces de l’ordre sont immobilisés. Plusieurs d’entre eux, une cinquantaine environ sont visibles. Devant la chefferie de Deido et à l’entrée dit trois boutiques, ceux-ci se comptent en nombre important.
Selon ces derniers visiblement fatigué après le travail abattu ces derniers jours, «on ne sait pas quand est-ce que la garde va s’achever» affirme-t-il.
D’importants dégâts.
En plus de l’assassinat de deux conducteurs de moto parmi lesquels le nommé Bernard Tankeu, près d’une centaine de moto environs ont été incendiées, endommagés ou arrachés pendant ces émeutes qui ont plongé une partie de Douala dans une ambiance de guerre civile. A cela, s’ajoutent  deux maisons et leurs contenus incendiés, deux snack-bars, trois boutiques et une  voiture brûlés. A côté de ces dégâts matériels donc les valeurs n’ont pas encore été estimées par les propriétaires abattus déboussolés et désorientés, se  trouvent également des nombreux blessés qui souffrent dans les domiciles et dans certains hôpitaux de la ville.  A la suite des pertes, se comptent également le manque à gagner causer par ces émeutes qui ont paralysé les activités dans le quartier Deido et les quartiers avoisinantes pendant plusieurs jours.  Réputé pour ses activités nocturnes, et reconnu comme le lieu de distraction le plus couru de la ville de Douala, à cause de l’abondance des snack-bars et des salles de jeux qui y pullulent, ces derniers étaient fermés pendant ces jours. Un manque à gagner énorme quand on connait le rythme de vie qu’il y a à la rue de la joie pendant la nuit. On ne saurait oublier les nombreuses familles traumatisées et les nombreuses personnes au chômage. «Décidément que le calme revienne» affirme un gérant de snack à Deido
 
Hervé Villard Njiélé

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